Mais d'abord, ce petit topo, afin de mieux cerner le personnage. Amir DZ, Amir Boukhors, de son vrai nom, est l'un des influenceurs les plus suivis d’Algérie. Journaliste d’investigation très actif sur les réseaux sociaux, Amir DZ dispose d’une chaîne YouTube qui cumule 160 millions de vues et plus de 800.000 abonnés. Autant dire que sa voix porte dans son pays natal, où il ne met d'ailleurs plus les pieds, car il risque de se retrouver embastillé, à l’image de nombreux journalistes et activistes algériens.
Aujourd'hui installé en banlieue parisienne, ce vlogeur, aux posts très scrutés dans son pays, figure parmi les militants «most wanted» aux yeux de ce régime algérien, qu’il met à nu à chacune de ses publications. Ainsi, pas plus tard qu’en novembre dernier, le ministre de l’Intérieur algérien avait explicitement demandé à son homologue français de «mettre hors d’état de nuire» ce youtubeur, qui dérange visiblement Alger.
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Dans un de ses derniers Vlog, publié voiici trois jours, le 2 janvier 2021, et qui cumule, à l'écriture de ces lignes, près de 900.000 vues, Amir DZ clame tout haut ce que beaucoup d’Algériens pensent tout bas, au sujet de l’instrumentalisation faite par le régime algérien du conflit du Sahara marocain. Un coup de gueule, des propos crus, mais non moins significatifs.
«Etre solidaire avec le Polisario? Mais allez au diable avec cette affaire! Le peuple algérien vit dans la misère et on lui prend la tête avec le ‘PoliKHARIO’ ou je ne sais quoi!», s'exclame celui qui incarne une jeunesse algérienne qui a bien compris la manipulation faite par les dirigeants de la prétendue «cause sahraouie», dans l’espoir chimérique de créer un front de solidarité interne.
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Cette politique de diversion, censée dissimuler la faillite socio-économique du pays, est désormais reconnue même par les plus hautes instances de l’Etat, et ne trompe plus personne. «La principale cause pour le peuple algérien, c’est sa situation en interne. Parlez-nous de nos concitoyens qui souffrent de pauvreté et qui mendient sur les réseaux sociaux pour se faire soigner à l’étranger», lance Amir DZ, qui est considéré comme l’une des grandes voix du Hirak et qui est devenu la notoire bête noire du régime vert-kaki.
«Arrêtez de nous la faire à l’envers, avec vos discours sur l’occupation ou l’autodétermination. Ne me ramenez ni Polisario ni ‘Polisandales’ ou ‘Poli7boub’. Qu’ils se débrouillent avec leurs problèmes! Ne mêlez pas notre peuple à cette affaire et arrêtez de leur donner notre argent. Le peuple algérien en a plus besoin!», lance-t-il courageusement, à l’adresse des maîtres d’Alger.
Ce n’est pas la première fois que des personnalités algériennes se manifestent pour exprimer leur ras-le-bol au sujet de l’exploitation des oligarques du régime du conflit du Sahara, qui est, en fait, le dernier des soucis du peuple algérien.
D'ailleurs, récemment, la célèbre chanteuse algérienne Zakia Mahamed a tenu des propos quasi-similaires, sur YouTube encore, où elle dénonce «les millions dépensés par l’Etat pour une cause dont les Algériens n’ont cure». Des exclamations crues, vraies, qui résonnent de plus en plus dans les rues algériennes, mais que les dirigeants du pays continuent obstinément à ignorer.