"La relation n'a probablement jamais été aussi bonne, nous nous comprenons l'un l'autre", a lancé le président américain, 71 ans, en recevant le nouvel homme fort du premier exportateur mondial de pétrole, 32 ans.
Déployant devant les journalistes présents dans le Bureau ovale de grands panneaux résumant, photos à l'appui, les ventes d'équipements militaires des Etats-Unis à l'Arabie saoudite, il a longuement insisté sur l'impact de ces dernières sur l'économie américaine. "L'Arabie saoudite est un pays très riche et vous allez j'espère donner une part de cette richesse aux Etats-Unis sous la forme d'emplois et d'achats du meilleur matériel militaire qui soit au monde", a-t-il ajouté.
Avec cette visite dans le Bureau ovale, "MBS" entame une vaste offensive de charme qui le mènera à travers les Etats-Unis, d'est en ouest, pendant près de trois semaines. Dans une longue interview accordée à CBS diffusée juste avant son arrivée, il a peint une image idyllique d'un royaume en profonde transformation, attaché à l'égalité homme-femme, au respect des droits de l'homme ou encore au règne de la loi.
Mais la purge anticorruption dans laquelle plusieurs princes du royaume ont été retenus dans le luxueux hôtel Ritz-Carlton de Riyad a suscité de réelles interrogations -dans le monde diplomatique comme économique- sur la façon dont le futur roi assoit son pouvoir. "Il y a beaucoup de questions sur l'impact des détentions du Ritz sur la confiance des investisseurs", souligne Lori Plotkin Boghardt, ancienne analyste de la CIA qui travaille aujourd'hui au Washington Institute for Near East Policy.
La politique étrangère du prince de 32 ans surnommé "MBS" suscite aussi des crispations à Washington. Mettant en relief "la fascination" du magnat de l'immobilier pour les Saoudiens, les anciens diplomates Aaron David Miller et Richard Sokolsky ont exhorté ce dernier à la vigilance et l'exigence, dans une tribune publiée dans USA Today. "Nous devrions saluer les réformes que MBS promet pour la société saoudienne (...) mais nous ne devons pas être envoûtés par un roi en devenir dont les choix politiques très tranchés ne sont pas toujours alignés avec les nôtres", soulignent-ils.
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Le sommet que Washington espère organiser cette année à Camp David avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pourrait s'avérer difficile à concrétiser en l'absence de sortie de crise avec le Qatar. La sanglante guerre civile au Yémen est un point de tension. Les combats entre les forces gouvernementales, appuyées par l'Arabie saoudite, et les Houthis, soutenus par l'Iran, ont fait près de 10.000 morts et mis le pays au bord de la famine.
A Washington, des élus réclament haut et fort la fin de l'assistance militaire des Etats-Unis à la coalition menée par Riyad. Le Sénat américain votera sur ce point mardi en fin d'après-midi. Seule allusion aux tensions passées avec l'Arabie saoudite, Trump a martelé que les Etats-Unis avaient une "tolérance zéro sur le financement du terrorisme". "Ce ne sera pas autorisé. C'est terminé", a-t-il martelé. Quinze des 19 auteurs des attentats du 11-Septembre étaient Saoudiens.
Après Washington, MBS se rendra à Boston puis à New York à la rencontre des milieux financiers. Il s'entretiendra aussi avec le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Il est ensuite attendu à partir du 30 mars sur la côte ouest des Etats-Unis, à Los Angeles et San Francisco, auprès des géants des nouvelles technologies comme Google et Apple, du divertissement, mais aussi de la défense comme Lockheed Martin. Il se rendra aussi à Seattle, berceau d'Amazon, et enfin, le 7 avril, à Houston à la rencontre de l'industrie pétrolière.
Riyad affiche en particulier sa volonté d'accélérer son programme nucléaire civil. Objectif: construire 16 réacteurs dans les 20 prochaines années, pour un coût d'environ 80 milliards de dollars, avec la volonté farouche d'obtenir des transferts de technologie dans le cadre de la construction.