L’ambassadrice américaine à Alger, Elizabeth Moore Aubin, a failli être embarquée dans une aventure rocambolesque dont elle semble ne pas avoir mesuré les conséquences et la gravité. Hier, mardi 14 novembre, elle était à l’aéroport Houari Boumédiène d’Alger, en vue de prendre un vol spécial d’Air Algérie à destination de Tindouf et des camps sahraouis, sur instigation du régime algérien.
Finalement, cette visite a été annulée in extremis par le département d’État américain, et s’est terminée en queue de poisson en se limitant à une photo collective où l’on voit Elizabeth Moore Aubin au milieu d’une délégation d’illustres inconnus, composée d’Algériens et de Sahraouis se rendant à Tindouf.
L’avortement de cette visite n’a pas empêché les médias algériens de laisser entendre que l’ambassadrice américaine s’est bien rendue à Tindouf. Ainsi, dans un article daté de ce mercredi 15 novembre, L’Algérie aujourd’hui a choisi un titre mensonger sans équivoque, indiquant clairement que c’est le Maroc qui est visé par cette manœuvre: «L’ambassadrice des USA dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf : une visite qui fait jaser au Maroc».
Continuant sur sa lancée mensongère, le média algérien écrit qu’«Elizabeth Moore Aubin, ambassadrice des États-Unis à Alger, effectue depuis hier une visite dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en compagnie d’une délégation qui comprend plusieurs ambassadeurs accrédités dans notre pays, dans le cadre d’une mission des donateurs de l’aide humanitaire aux Sahraouis». Or, à part le prétendu ambassadeur du Polisario à Alger, aucun diplomate n’était du voyage à Tindouf, d’ailleurs annulé à la dernière minute, sinon son identité aurait été révélée.
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Même les douze partis politiques algériens, inconnus au bataillon et dont aucun n’a été identifié ni par son nom, ni par son acronyme ou sigle, ne sont que des fantômes, à l’image de l’entité qu’ils partent visiter. Mais cette prétendue «mission des donateurs de l’aide humanitaire aux Sahraouis» est certainement l’alibi avec lequel le régime algérien a tenté de berner la diplomate américaine.
Un autre média algérien, arabophone cette fois-ci, Awras pour ne pas le nommer, a donné quant à lui l’exacte raison de la visite déprogrammée d’Elizabeth Moore à Tindouf. Dans un article intitulé «Avec la participation de l’ambassadrice des Etats-Unis en Algérie, une délégation de partis politiques algériens visite le Sahara occidental», Awras, qui considère donc que Tindouf et ses camps sahraouis font partie du «Sahara occidental» (sic!), alors qu’il s’agit du Sahara oriental encore administré par l’Algérie, précise que l’objet de cette visite est de dénoncer les accords de Madrid de 1975.
Selon lui, «cette visite de douze partis algériens vise à protester contre l’accord de Madrid avec la présence de l’ambassadrice des États-Unis, Elizabeth Moore Aubin, et à s’enquérir du fonctionnement de certains services dans la wilaya de Laâyoune». Ainsi, sans le vouloir, l’ambassadrice américaine allait être impliquée, à son insu, dans une condamnation stérile et hors temps des accords de Madrid du 14 novembre 1975, en vertu desquels l’Espagne avait mis fin à sa colonisation du Sahara et cédé au Maroc ses provinces du Sud.
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Cette manœuvre intervient au lendemain de l’entrevue entre Nadir Larbaoui, deux jours seulement après sa nomination en tant que nouveau Premier ministre algérien, avec le chef du prétendu parlement du Polisario, Hamma Salama. Ce dernier a été également reçu, durant la même journée du lundi 13 novembre, par Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Laagab, ministre de la Communication, Salah Goudjil, président du Sénat algérien, ainsi que Brahim Boughali, président de la Chambre des représentants.
Samedi dernier, suite à l’annonce par plusieurs médias espagnols et marocains de la présence du chef des milices armées du Polisario, Mohamed El Ouali Akeik, en Espagne pour des soins médicaux, il s’est avéré que l’Algérie, qui l’a convoyé par avion spécial au Pays basque espagnol, cherchait à rééditer une nouvelle crise maroco-espagnole comme celle de l’affaire Benbatouche. Raté, puisque l’Espagne a bien pris soin, cette fois-ci, de consulter son voisin marocain, qui n’a eu aucune objection à ce que Akeik se soigne en Espagne dont il porte au demeurant la nationalité.