Dans une décision quasi-unanime, de huit juges sur neuf, la haute Cour inflige un camouflet à l'enseigne très prisée des adolescents Abercrombie & Fitch (A&F), estimant que la discrimination religieuse à l'embauche n'est pas tolérable, même quand le postulant ne fait pas explicitement une demande d'aménagement du règlement.
Les magasins A&F étaient jusqu'ici réputés pour leurs mannequins aux torses sculpturaux et aux jeans taille basse, appâtant le client à l'entrée, et pour leurs vendeuses aux tailles de guêpe et aux décolletés généreux, portant jupes courtes et liquettes ajourées. "Les modèles", c'est ainsi qu'A&F qualifie ses vendeurs, étaient tenus de présenter le "style Abercrombie" aux clients et d' afficher "le style du lycéen classique de la côte Est" des Etats-Unis. Mais Samantha Elauf portait un foulard noir lors de l'entretien de recrutement pour un poste de vendeuse à Tulsa, Oklahoma (sud). Elle s'était vu refuser le poste.
D'un côté, Abercrombie arguait que la candidate n'avait pas mentionné sa confession ni demandé explicitement d'aménagement de sa politique vestimentaire en fonction de sa religion. De l'autre, la jeune femme affirmait qu'Abercrombie ne pouvait pas ignorer qu'elle était musulmane et aurait dû lui demander si elle était prête à s'adapter.
A l'audience le 25 février, la Cour suprême avait déjà semblé pencher en faveur de l'Agence gouvernementale pour l'égalité devant l'emploi (EEOC), qui avait porté plainte en faveur de la jeune musulmane.