«Mon principal conseil: évacuez!», a lancé mardi soir le gouverneur de la région de Donestk, Pavlo Kyrylenko à l'adresse des habitants de la ville de Sloviansk, ajoutant que «pendant la semaine, il n'y a pas eu un jour sans bombardement».
Il avait annoncé quelques heures plus tôt deux morts et sept blessés dans des frappes qui ont notamment visé le marché de la ville.
Rouslan, un commerçant interrogé par l'AFP deux heures après le bombardement, peinait à retenir ses larmes alors qu'il regardait son magasin brûler. Il a dénoncé un «génocide» perpétré par les forces russes, assurant que de tels bombardements visaient à «faire peur aux gens, afin qu'ils fuient» la ville.
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«Une fois encore, les Russes visent intentionnellement des endroits où se rassemblent les civils. C'est du terrorisme pur et simple», a dénoncé Pavlo Kyrylenko.
Avec la chute dimanche de Lyssytchansk, les forces russes contrôlent la quasi totalité de la région de Lougansk et cherchent désormais à faire de même dans celle de Donetsk pour occuper ainsi l'entièreté du Donbass, que les séparatistes pro-russes contrôlaient partiellement depuis 2014.
«De violents combats ont lieu (...) près de Lyssytchansk», a précisé mardi soir le gouverneur de la région de Lougansk Serguiï Gaïdaï. Les forces russes «essaient constamment de construire des passages pour transférer encore plus de matériel» vers la région de Donetsk.
Accusations de tortureSloviansk, qui comptaient 100.000 habitants avant la guerre, et Kramatorsk deviennent alors les nouveaux points clé des combats.
Mardi, les troupes russes se trouvaient à une dizaine de kilomètres de Siversk, qu'elles pilonnent depuis plusieurs jours, et donc à une cinquantaine de kilomètres de Sloviansk.
Moscou a par ailleurs annoncé mardi avoir lancé une enquête sur des tortures que disent avoir subies ses soldats capturés par les forces ukrainiennes et libérés lors d'un échange de prisonniers avec Kiev.
L'Ukraine et la Russie, qui ont procédé à plusieurs échanges de prisonniers, s'accusent mutuellement de mauvais traitements et de tortures sur des prisonniers.
Le ministère russe de la Défense a aussi accusé mardi soir des «nationalistes ukrainiens» dans la région de Donetsk de préparer «une provocation avec l'utilisation de substances toxiques»: de grandes quantités de chlore amenées dans une station de filtration minée, selon le ministère.
Il a ajouté que l'armée ukrainienne utilisait des infrastructures chimiques pour y baser ses hommes et ses armes, créant «les conditions préalables à des accidents pouvant entraîner la mort de milliers de civils».
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C'est dans ce contexte que s'est achevée mardi soir une conférence internationale de deux jours à Lugano (Suisse) organisée pour tenter de dessiner les contours de la reconstruction de l'Ukraine, dont Kiev évalue le coût à 750 milliards de dollars.
Dans une déclaration adoptée mardi soir, les pays alliés, des institutions internationales et le secteur privé «s'engagent pleinement à soutenir l'Ukraine tout au long de son parcours», appelant à un «processus de rétablissement transparent et responsable».
L'utilisation de ces milliards de dollars inquiète dans un pays perclus de corruption.
«Intolérable»Dans son rapport 2021 sur la corruption, l'ONG Transparency International classait l'Ukraine 122e sur 180 pays, et la Russie 136e.
«Quand nous disons que nous sommes prêts à aller vite, nous voulons vraiment dire vite», a voulu rassurer le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal, venu à Lugano.
Kiev appelle par ailleurs ses alliés à faire pression sur les compagnies maritimes pour qu'elles cessent de faire du transport de marchandises pour la Russie et de l'aider à écouler ses productions.
Le Zhibek Zholy, un cargo battant pavillon russe, est ainsi ancré depuis cinq jours au large de la Turquie, en mer Noire. L'Ukraine, qui accuse la Russie de voler ses récoltes de blé, affirme que le navire en transporte 7.000 tonnes obtenues illégalement. Une source diplomatique turque a affirmé mardi à l'AFP qu'une «inspection» était en cours à bord.
Sur le plan humanitaire, la Haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Michelle Bachelet a dénoncé mardi le bilan civil «intolérable» du conflit (près de 5.000 civils tués confirmés, dont 335 enfants, une estimation sans doute bien en-dessous du bilan réel) et les nombreuses violations des droits humains visant la population.
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«Au nom de chaque victime de cette guerre absurde, les exécutions, la torture et les détentions arbitraires doivent cesser», a-t-elle lancé devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève.
A Bruxelles, les trente pays membres de l'Otan ont lancé mardi le processus de ratification pour les adhésions de la Suède et de la Finlande, qui permettra à l'Alliance d'organiser une ligne de défense unie de l'Arctique à la Méditerranée face aux menées russes, mais dépendra aussi du bon vouloir d'Ankara.
De son côté, la Lettonie a annoncé mardi soir le rétablissement du service militaire obligatoire face à la menace russe.