La rencontre au sommet intervient sur fond d’une multiplication des crises dans le monde, dont la guerre entre Israël et le Hamas palestinien. Les dirigeants américain et européens ont à coeur d’afficher un front uni, plaidant le renforcement de leur «partenariat stratégique».
Liant la guerre menée par la Russie en Ukraine et celle du Hamas contre Israël, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi estimé dans un discours jeudi que «ces deux crises, aussi différentes soient-elles, appellent l’Europe et l’Amérique à prendre position et à prendre position ensemble» afin de «protéger nos démocraties».
Européens et Américains cherchent notamment à éviter l’ouverture d’un deuxième front avec le Hezbollah libanais et, au-delà, une escalade régionale aux ramifications imprévisibles.
«Il est particulièrement important que nous redoublions d’efforts des deux côtés de l’Atlantique pour veiller à ce que ce conflit ne s’étende pas au-delà de ses frontières», assurait à des journalistes avant le sommet un responsable européen sous couvert d’anonymat.
Selon lui, le sommet sera l’occasion «d’envoyer des messages clairs et unifiés à toutes les parties au conflit»: à savoir soutien à Israël et à l’envoi d’aide humanitaire aux Palestiniens bloqués à Gaza.
Rassurer
Mais il leur faut mener plusieurs fronts et l’un des enjeux du sommet sera aussi d’afficher un soutien continu fort à l’Ukraine, au moment d’un certain flottement à Washington en raison de la crise qui paralyse le Congrès américain.
Le président américain, tout juste rentré d’une visite périlleuse en Israël mercredi, s’est justement adressé jeudi soir aux Américains pour tenter de les souder derrière la défense d’Israël et de l’Ukraine, et arracher le consensus politique dont il a besoin pour financer ces deux causes.
L’enjeu est de taille, car l’aide est prise en otage de cette paralysie et les Etats-Unis se dirigent tout droit vers une nouvelle crise budgétaire, le «shutdown» le 17 novembre, en raison d’un Congrès divisé et miné par des querelles au sein de l’opposition républicaine qui se cherchent un nouveau «speaker».
M. Biden devrait à nouveau chercher à rassurer les Européens à cet égard.
S’exprimant devant la presse jeudi, le président du Conseil européen Charles Michel s’est cependant dit «extrêmement confiant» que le président américain fera tout son possible pour confirmer l’aide.
A l’agenda aussi, la question sensible visant à impliquer davantage les pays tiers, via lesquels la Russie s’efforce de contourner les sanctions internationales. «On s’efforce de fermer toutes les portes» permettant de court-circuiter ces sanctions, selon Charles Michel.
Le précédent rendez-vous entre dirigeants européens et américain avait eu lieu à Bruxelles en juin 2021.
Le contentieux de l’acier
Mais la géopolitique ne sera pas le seul enjeu du sommet alors que, selon le FMI, les principales économies mondiales montrent des signes de faiblesse.
Par ailleurs, l’Union européenne et les Etats-Unis doivent aussi régler des différends commerciaux, dont celui concernant les importations européennes d’acier, cibles de droits de douane imposées en 2018 par la présidence Trump. Suspendus en 2021, ceux-ci pourraient être réactivés si aucun accord n’était trouvé d’ici à fin octobre.
L’UE espère aussi un accord concernant les minéraux essentiels, nécessaires à la transition énergétique. Il s’agit de supprimer des éléments discriminatoires présents dans le grand plan climat américain (IRA) voté à l’été 2022.
Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a estimé mardi, en marge d’une réunion des ministres européens des Finances à Luxembourg, qu’un accord entre l’UE et les Etats-Unis sur l’acier et l’aluminium ainsi que sur l’approvisionnement en minéraux essentiels pourrait être annoncé lors du sommet.
«Nous n’en sommes pas encore là. Il faut encore surmonter des divergences», a-t-il cependant ajouté.
Enfin, face à l’urgence climatique, l’UE entend faire pression sur Washington, incitant les Etats-Unis à en faire plus. «Nous insisterons également sur le fait que l’un des principaux ordres du jour sera de pousser les Etats-Unis à agir sur le climat», a dit le responsable européen.
Les Vingt-Sept se sont accordés à ce que l’UE défende à la prochaine COP28, début décembre à Dubaï, l’élimination des combustibles fossiles brûlés sans captage du CO2, avec un pic de leur consommation mondiale dès «cette décennie».