Le président américain et la présidente démocrate de la Chambre des représentants sont engagés dans un bras de fer depuis plus de trois semaines autour de cette impasse budgétaire affectant quelque 800.000 employés fédéraux, qui ne touchent plus leur salaire.
"Par respect" pour ces employés, Trump a décidé d'annuler le voyage de sa délégation au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, a annoncé la Maison Blanche jeudi en fin de journée, une semaine après l'annulation par Donald Trump de sa propre participation.
Quelques heures plus tôt, le président américain avait stupéfié le Congrès en annonçant qu'il annulait un déplacement que Nancy Pelosi, troisième personnage de l'Etat, devait effectuer en Afghanistan à bord d'un avion militaire.
Trump soulignait dans un courrier chargé d'ironie qu'il serait préférable que la "Speaker" reste travailler à Washington, alors qu'aucune issue ne se dessine au 27e jour du "shutdown". Problème, ce voyage n'avait pas été encore révélé à la presse, pour des questions de sécurité.
Lire aussi : Etats-Unis. Shutdown: une nouvelle ère d'opposition à Trump
Entre cocasserie et colère, sa brusque annulation a donné lieu à une curieuse scène devant le Capitole, où plusieurs parlementaires étaient déjà à bord d'un bus militaire, prêts à partir, lorsque la lettre a été rendue publique.
Plusieurs sont restés à bord pendant un long moment, sur le parvis du Capitole. Furieux, le démocrate Adam Schiff, chef de la puissante commission du Renseignement de la Chambre des représentants, a dénoncé le comportement "trop souvent (...) digne d'un écolier" de Donald Trump. "La décision du président de dévoiler un voyage que la +Speaker+ fait dans une zone en guerre est complètement et totalement irresponsable", s'est-il indigné.
Fort caractère contre fort caractère, les deux dirigeants sont engagés dans un intense bras de fer depuis le 22 décembre autour de cette paralysie budgétaire partielle. Pour l'instant, aucun ne se montre prêt à céder, mais les évènements semblent s'accélérer depuis mercredi.
L'annulation ordonnée par Donald Trump fait en effet suite à la demande, formulée la veille par Mme Pelosi, de reporter le traditionnel discours sur l'état de l'Union du président, prévu le 29 janvier. Elle mettait en avant des raisons de sécurité pour cause de "shutdown". M. Trump n'y a pas donné suite pour l'instant.
La tradition veut que ce soit le leader de la chambre basse qui invite le président à ce discours annuel devant la Chambre des représentants et le Sénat réunis.
Au coeur du conflit budgétaire les opposant figure le mur que veut ériger Donald Trump à la frontière avec le Mexique. Les démocrates ne veulent pas en entendre parler.
Dans le cadre des négociations de sortie de crise, le vice-président Mike Pence, accompagné du conseiller et gendre du président Jared Kushner, se sont rendus au Capitole jeudi pour s'entretenir avec le chef républicain du Sénat Mitch McConnell pendant plus de 45 minutes. Ils n'ont fait aucun commentaire à leur sortie.
"En raison du shutdown, je suis désolé de vous informer que votre voyage à Bruxelles, en Egypte et en Afghanistan a été repoussé", a écrit M. Trump à Mme Pelosi, qualifiant le voyage d'activité de "relations publiques". "Je pense aussi que, durant cette période, il serait préférable que vous soyez à Washington pour négocier avec moi", a-t-il ajouté.
Lire aussi : Etats-Unis: victoire démocrate au Congrès, des musulmanes font leur entrée
"Naturellement, si vous voulez voyager par avion commercial, le choix vous appartient", a conclu M. Trump. Le pouvoir exécutif permet traditionnellement aux dirigeants du Congrès d'utiliser des avions militaires pour leurs déplacements.
Décrire ce voyage comme une mission de relations publiques "est une insulte faite aux courageux hommes et femmes qui se mettent en danger pour servir" leur pays, a réagi une nouvelle élue démocrate, Elaine Luria, ex-militaire qui devait elle-même être du voyage.
L'objet de ce voyage était "d'exprimer la gratitude envers les hommes et femmes en uniforme" et d'obtenir "des informations critiques en termes de sécurité nationale", a souligné le porte-parole de Nancy Pelosi, Drew Hammill.
Il a précisé que lors de l'étape de Bruxelles, la délégation d'élus devait rencontrer des hauts responsables de l'Otan et des alliés pour "réaffirmer la solidité de l'engagement des Etats-Unis au sein de l'Alliance".
Aucun arrêt en Egypte n'était prévu lors de ce déplacement devant avoir lieu selon lui durant un week-end, a-t-il souligné. "Une réponse puérile ne mérite pas une autre réponse du même ton", a de son côté réagi le sénateur républicain Lindsey Graham, renvoyant les deux responsables politiques dos à dos.