Syrie: l’ONU appelle à des élections «libres et justes» et réclame de l’aide humanitaire

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen, à Damas, le 18 décembre 2024.

L’ONU a appelé à des «élections libres et justes» en Syrie et plaidé pour l’envoi rapide d’une aide humanitaire massive dans le pays, dévasté par 13 ans de guerre civile. Le nouveau pouvoir s’emploie à rassurer les capitales étrangères.

Le 19/12/2024 à 06h58

L’ONU a appelé mercredi à des «élections libres et justes» en Syrie après la période de transition ouverte par la chute de Bachar al-Assad et plaidé pour l’envoi rapide d’une aide humanitaire massive dans le pays, dévasté par plus de 13 ans de guerre civile.

«Nous devons soutenir le peuple syrien et saisir ce moment d’espoir. Et si nous ne le faisons pas rapidement, je crains que cette fenêtre ne se referme», a déclaré le chef du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Tom Fletcher, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

«Je veux augmenter massivement l’aide internationale, mais cela dépend maintenant des donateurs. Le fonds pour la Syrie a été historiquement, honteusement sous-financé, et maintenant il y a cette opportunité», a déclaré Tom Fletcher.

La Syrie reste soumise à des sanctions internationales dont le chef de HTS Abou Mohammad al-Jolani, qui se fait désormais appeler par son vrai nom, Ahmad al-Chareh, a réclamé la levée. Le nouveau pouvoir a mis en place un gouvernement de transition jusqu’au 1er mars et s’emploie à rassurer les capitales étrangères sur sa capacité à pacifier le pays.

Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra a annoncé mardi à l’AFP que «la prochaine étape» serait la dissolution des factions armées pour les fondre au sein de la future armée. Il a invité l’ONU, les États-Unis et les pays européens concernés à retirer HTS de leurs listes des organisations terroristes.

«Beaucoup d’espoir»

«Je pense (...) qu’il y a beaucoup d’espoir, que nous assistons aujourd’hui aux débuts de la nouvelle Syrie», a affirmé mercredi à Damas l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie, Geir Pedersen. «Une nouvelle Syrie (...) qui adoptera une nouvelle Constitution garantissant un nouveau contrat social à tous les Syriens et qui organisera des élections justes et libres» après la période de transition, a-t-il ajouté.

Geir Pedersen a reconnu qu’il y avait «de la stabilité à Damas», mais que «des défis persistent dans d’autres zones», notamment dans le Nord-Est, où la communauté kurde de perdre l’autonomie limitée qu’elle a acquise de haute lutte.

Dans cette région également, des combats opposent les forces kurdes à des groupes soutenus par la Turquie. Malgré l’annonce mercredi de la prolongation d’une trêve entre ces groupes, 21 combattants proturcs ont été tués mercredi après avoir attaqué une position kurde dans le secteur de Manbij, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

La Turquie estime que les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis et qui contrôlent les zones semi-autonomes du nord-est, sont une émanation de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), séparatiste.

Acteur majeur en Syrie durant la guerre civile, la Turquie soutient le nouveau pouvoir. Son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a cependant affirmé mercredi que la victoire des rebelles «n’est pas une prise de pouvoir par Ankara». Il a rejeté ainsi des propos du président américain élu Donald Trump, qui a qualifié cette victoire de «prise de pouvoir inamicale» par Ankara.

Promesse d’amnistie

Tôt mercredi, des centaines d’hommes en civil patientaient, dans la ville portuaire de Lattaquié, devant un centre ouvert par les nouvelles autorités pour inscrire les anciens soldats et policiers, auxquels une «amnistie» a été promise s’ils n’ont pas été «auteurs de crimes ou de torture». «Je suis venu régulariser ma situation. Pour ma sécurité d’abord et pour pouvoir me déplacer», a déclaré à l’AFP Zein, un militaire de 33 ans qui doit «revenir dans deux jours» pour obtenir un laissez-passer de trois mois.

D’autres Syriens continuaient à rechercher des proches victimes des services de sécurité de l’ancien pouvoir, emprisonnés ou portés disparus. Les Casques blancs ont annoncé mercredi la découverte de corps et d’ossements dans un entrepôt en banlieue de Damas, où de telles découvertes se multiplient.

Par Le360 (avec AFP)
Le 19/12/2024 à 06h58