Les chefs de la diplomatie française et allemande rencontrent ce vendredi 3 janvier à Damas le dirigeant syrien Ahmad al-Charaa. Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot est arrivé vendredi matin à la capitale syrienne, et son homologue allemande, Annalena Baerbock, doit le rejoindre pour cette visite «sous mandat de l’Union européenne», a-t-elle indiqué.
«Ensemble, la France et l’Allemagne se tiennent aux côtés du peuple syrien, dans toute sa diversité», a écrit vendredi sur le réseau social X le ministre français des Affaires étrangères, soulignant que les deux pays voulaient «favoriser une transition pacifique et exigeante au service des Syriens et pour la stabilité régionale».
Les deux ministres doivent rencontrer conjointement Ahmad al-Charaa, à la tête d’une coalition dirigée par son groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a chassé du pouvoir le président Bachar al-Assad, le 8 décembre.
«Mon voyage d’aujourd’hui, avec mon homologue français et au nom de l’UE, est un signal clair adressé aux Syriens: un nouveau départ politique entre l’Europe et la Syrie, entre l’Allemagne et la Syrie est possible», a dit pour sa part Annalena Baerbock. «C’est avec cette main tendue, mais aussi avec des attentes claires à l’égard des nouveaux dirigeants, que nous nous rendons aujourd’hui à Damas».
We are all aware that this will be a rocky road. The visit today with my French colleague @jnbarrot on behalf of the EU is a clear signal: A political new beginning between Europe and Syria, between Germany and Syria is possible - @abaerbock. 4/5
— GermanForeignOffice (@GermanyDiplo) January 3, 2025
Les deux ministres prévoient de rencontrer des représentants de la société civile, et de se rendre à la prison de Saydnaya, près de Damas, symbole de la répression de masse du pouvoir de Bachar al-Assad, avant leur rencontre avec le nouveau dirigeant syrien.
Ballet diplomatique
Des dirigeants de nombreux pays se précipitent à Damas depuis la chute de Bachar al-Assad, rompant l’isolement qui été imposé à la Syrie de Bahar al-Assad depuis qu’il a réprimé dans le sang un soulèvement populaire en 2011. La France et l’Allemagne avaient, chacune de son côté, dépêché le 17 décembre dernier des émissaires auprès des nouvelles autorités.
Face au défi d’unifier le pays, Ahmad al-Charaa s’est engagé à dissoudre les factions armées et a annoncé son intention de convoquer un dialogue national, sans en préciser la date, et indiqué que l’organisation d’élections dans son pays pourrait prendre quatre ans.
Il a aussi réclamé la levée des sanctions internationales qui étaient imposées au pouvoir de Bachar al-Assad. Son groupe, HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, assure avoir rompu avec le jihadisme, mais reste classé «terroriste» par plusieurs capitales occidentales.