Le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, a promis dimanche de poursuivre les responsables de «l’effusion de sang de civils», dont plus de 800 ont été tués dans l’ouest du pays selon une ONG, dans une flambée de violences sans précédent depuis la chute de Bachar al-Assad. L’ONU, Washington et d’autres capitales ont condamné ces tueries, appelant les autorités syriennes à y mettre fin.
D’après un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, 830 civils alaouites ont été tués «par les forces de sécurité et des groupes alliés» depuis jeudi.
Les violences ont été déclenchées par une attaque sanglante ce jour-là de partisans du président déchu contre des forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié, berceau de la minorité alaouite, branche de l’islam chiite dont est issu le clan Assad.
Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, pour soutenir des opérations des forces de sécurité contre les pro-Assad. Au moins 481 membres des forces de sécurité et combattants pro-Assad ont aussi péri, selon l’OSDH. Les autorités n’ont pas fourni de bilan.
«Préserver l’unité nationale»
Appelant lors d’un discours dans une mosquée de Damas à «préserver l’unité nationale et la paix civile», Ahmed al-Charaa a annoncé la formation d’une «commission d’enquête indépendante» sur «les exactions contre les civils», afin d’en identifier les responsables et de les «traduire en justice».
«Nous demanderons des comptes (...) sans indulgence, à toute personne impliquée dans l’effusion de sang des civils», a-t-il ensuite assuré, dans une vidéo diffusée par l’agence de presse officielle syrienne Sana, indiquant qu’un comité serait formé pour «protéger la paix civile».
«Aujourd’hui, nous nous portons garants de tout le peuple syrien et de toutes les confessions, et nous protégeons tout le monde de la même manière», a de son côté assuré le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Al-Chaibani, en déplacement à Amman.
Les pro-Assad traqués
Depuis son arrivée à la tête d’un pays multiethnique et multiconfessionnel, déchiré par plus de 13 ans de guerre civile, Ahmed al-Charaa s’efforce d’obtenir le soutien de la communauté internationale, et de rassurer les minorités.
Dimanche, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’envoi de «renforts supplémentaires» à Qadmous, dans la province de Tartous où les forces de sécurité «traquent les derniers fidèles à l’ancien régime». L’agence de presse officielle a rapporté de «violents affrontements» à Taanita, un village de montagne du même secteur, où ont fui «de nombreux criminels de guerre» du précédent pouvoir, protégés par des «fidèles d’al-Assad».
«Plus de cinquante personnes, des membres de ma famille et des amis, ont été tués», a affirmé à l’AFP un habitant alaouite de Jablé sous le couvert de l’anonymat, affirmant que les corps ont été enterrés dans des fosses communes voire «jetés à la mer». Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a évoqué des informations «extrêmement inquiétantes» faisant état de familles entières tuées.
À Damas, les forces de sécurité sont intervenues pour disperser un sit-in de protestation contre les tueries, après l’irruption d’une contre-manifestation réclamant un «État sunnite», émaillée de slogans hostiles aux alaouites.
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