S’exprimant à Damas aux côtés du chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, Ahmad al-Charaa, nouvel homme fort de la Syrie (connu jusqu’à présent sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani), a annoncé le dimanche 22 décembre que toutes les armes du pays passeraient sous le contrôle de l’État et que les «factions armées (allaient) commencer à annoncer leur dissolution et à entrer» dans l’armée.
«Nous ne permettrons absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État (...), qu’elles proviennent des factions révolutionnaires ou des factions présentes dans la zone des FDS (Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes, NDLR)», a-t-il ajouté.
Les FDS, soutenues par Washington, sont considérées par Ankara comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Des affrontements ont eu lieu dimanche entre factions proturques et les FDS dans la zone de barrage de Tichrine sur l’Euphrate, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
«Un pays pour tous»
Ahmad al-Charaa a également réaffirmé que son administration travaillait à la protection des minorités contre les acteurs «extérieurs» qui tentent d’exploiter la situation «pour provoquer une discorde sectaire», et souligné l’importance de la «coexistence» dans le pays multi-ethnique et multiconfessionnel. «La Syrie est un pays pour tous», a-t-il assuré.
Ahmad el-Charaa a par ailleurs reçu à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, pour une première rencontre avec un dirigeant de ce pays voisin, qui a souffert pendant des décennies de l’ingérence du clan Assad. La Syrie n’aura plus «d’ingérence négative au Liban et respectera la souveraineté du Liban», lui a assuré le dirigeant syrien, qui a appelé les Libanais à «effacer de leur mémoire le souvenir de l’ancienne Syrie au Liban ».
Appel à la levée des sanctions
Ahmad al-Charaa a aussi dénoncé le rôle que jouait l’Iran en Syrie, notamment par le biais de «milices iraniennes». La Russie et l’Iran étaient les principaux soutiens du pouvoir de Bachar al-Assad au cours de la guerre civile qui a commencé en 2011 et fait quelque 500.000 morts et des millions de déplacés.
«La communauté internationale doit être totalement mobilisée pour que la Syrie se remette sur pied», a aussi exhorté dimanche Hakan Fidan, appelant à ce que les sanctions contre la Syrie soient levées «dès que possible».
Depuis le renversement d’Assad, des diplomates de différents pays sont depuis allés à Damas pour rencontrer les nouvelles autorités. Ainsi, un haut responsable syrien a indiqué à l’AFP à Ryad que le gouvernement saoudien allait envoyer une délégation à Damas. Le chef de la diplomatie jordanienne a également annoncé un déplacement ce lundi à la capitale syrienne pour rencontrer le nouveau dirigeant.
Washington a pour sa part abandonné vendredi l’offre de récompense pour l’arrestation du nouveau dirigeant syrien, mais le groupe qu’il dirige, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), reste cependant classé comme organisation «terroriste» par plusieurs pays occidentaux.