Ces attentats interviennent au moment où des négociations laborieuses se tiennent à Genève sous l'égide de l'ONU entre régime et opposition pour tenter de trouver un règlement au conflit en Syrie qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés depuis six ans.
Selon les médias officiels syriens et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les attaques ont visé le siège du service de la Sécurité de l'Etat et celui des renseignements militaires dans le centre de Homs, troisième ville de Syrie sous contrôle des troupes du régime de Bachar al-Assad.
L'OSDH a fait état de quarante-deux morts, tandis que le gouverneur de la province centrale de Homs, Talal Barazi a évoqué un premier bilan de trente morts et de vingt-quatre blessés dans les attaques contre des services généralement bien défendus.
Parmi les victimes figurent le chef des Renseignements militaires de Homs, Hassan Daaboul, un proche de al- Assad et l'une des personnalités les plus connues des milieux des renseignements syriens, a annoncé la télévision d'Etat.
Celle-ci a précisé que les attaques avaient été menées par plusieurs kamikazes. "L'un des kamikazes a spécifiquement visé le général martyr".
"Ces attaques sont les plus audacieuses perpétrées à Homs", a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
"Aux renseignements militaires, il y a eu des tirs contre les gardes. Des officiers ont accouru pour voir ce qui se passait et un premier kamikaze s'est fait exploser. D'autres membres des renseignements se sont précipités et un deuxième puis un troisième kamikaze se sont fait exploser l'un après l'autre", a-t-il dit.
"Des affrontements se sont déroulés pendant deux heures tout au long des attaques", a ajouté Abdel Rahmane. La télévision d'Etat a également évoqué des "heurts" durant les attentats.Les branches des redoutables services de la Sûreté de l'Etat et des Renseignements militaires sont situés respectivement dans les quartiers de Ghouta et de Mahatta.
Dans son communiqué de revendication, Fateh al-Cham,a précisé que "cinq kamikazes ont pris d'assaut les sièges de la Sûreté d'Etat et des renseignements, tuant plus de quarante personnes dont Hassan Daaboul".
Ce groupe, classé "organisation terroriste" par l'ONU, se faisait appeler auparavant Front al-Nosra. Mais il a changé de nom après avoir renoncé à son rattachement à Al-Qaïda.
Fateh al-Cham, deuxième plus important groupe jihadiste après l'organisation rivale Daech, était jusqu'au début de l'année le principal allié des rebelles qui cherchent à renverser le régime al-Assad.
Mais en janvier, de violents combats ont opposé les deux bords dans le cadre d'une guerre d'influence notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest) où ils formaient une alliance.
Par la suite, la rébellion se scinde en deux blocs: des groupes insurgés qui rejettent le processus de paix fusionnent avec Fateh al-Cham sous le nom "Tahrir al-Cham", alors que d'autres groupes rebelles ouverts aux négociations s'allient avec l'influent groupe salafiste Ahrar al-Cham.
Ces attentats interviennent au moment où l'ONU tente de trouver un terrain commun à Genève entre régime et opposition, dans le cadre d'un quatrième round de négociations, après trois tentatives avortées.
Au troisième jour de ce nouveau processus, aucune discussion détaillée ne s'est encore engagée avec l'ONU, et encore moins entre les deux parties.
Comme Daech, Fateh al-Cham est exclu des négociations, mais ces attaques illustrent la fragilité de toute "normalisation" dans le pays où interviennent des acteurs multiples aux agendas différents.
"C'est un message aussi bien au régime qu'à l'opposition et à la communauté internationale que Fateh al-Cham est là et que personne ne peut l'isoler", a expliqué Abdel Rahmane.Plusieurs attentats-suicides meurtriers ont frappé la ville de Homs ces dernières années, en majorité revendiqués par Daech.
Le veille, un attentat-suicide revendiqué par Daech a fait au moins cinquante et un morts près d'Al-Bab. Ce dernier, grand fief du groupe jihadiste dans la province septentrionale d'Alep, avait été pris jeudi par des rebelles syriens soutenus par l'armée turque.
La guerre, qui a commencé après la répression sanglante de manifestations prodémocratie en mars 2011, a fait plus de 310.000 morts et dévasté le pays. Elle s'est complexifiée avec la montée en puissance de groupes jihadistes et l'implication des puissances régionales et internationales.