"Les Etats-Unis se souviendront de cette journée qui les a vus cloués au pilori devant l'Assemblée générale pour le seul fait d'exercer notre droit de pays souverain", a déclaré l'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley avant le vote. "Nous nous en souviendrons quand on nous demandera encore une fois de verser la plus importante contribution" financière à l'ONU, a-t-elle lancé.
Elle a déploré de devoir "payer pour le privilège douteux d'être méprisés", menaçant à nouveau de "mieux dépenser" l'argent des Américains à l'avenir.
Donald Trump, qui a annoncé le 6 décembre sa décision sur Al Qods à rebours de la position traditionnelle américaine, avait pris les devants mercredi. "Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous", avait tempêté le président américain. "Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal."
Les Etats-Unis ne cachent pas leur colère depuis un premier vote, lundi, au niveau du Conseil de sécurité.
Ce vote "est une insulte que nous n'oublierons pas", avait lancé, l'oeil noir, Nikki Haley à ses quatorze partenaires du Conseil, dont ses alliés européens, qui avaient unanimement approuvé la condamnation de la décision américaine.
In fine, cette résolution-là n'avait pas été adoptée, les Etats-Unis ayant utilisé leur veto de membre permanent, mais l'unité des autres membres avait résonné comme un cinglant désaveu pour Washington.
A l'Assemblée générale de l'ONU, qui compte 193 membres, aucun pays n'a de droit de veto et les résolutions ne sont pas contraignantes.
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L'enjeu du scrutin résidera dans l'ampleur du vote favorable au texte.
Prenant les devants, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déjà rejeté l'issue du vote, qualifiant les Nations unies de "maison des mensonges".
"Aucune résolution de l'Assemblée générale ne nous chassera de Jérusalem (Al Qods)", a déclaré l'ambassadeur d'Israël Danny Danon au pupitre de l'ONU.
En réponse à la menace de Nikki Haley de "noter les noms" de ceux qui voteront la résolution, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, a réclamé "des droits et la paix". "L'Histoire note les noms, elle se souvient des noms, des noms de ceux qui défendent ce qui est juste et des noms de ceux qui mentent", a-t-il martelé.
Le texte, proposé par le Yémen et la Turquie, affirme que toute décision sur le statut d'Al Qods "n'a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée". Il souligne que la question de Jérusalem doit faire partie d'un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens.
Le double vote organisé cette semaine à l'ONU à l'initiative des Palestiniens, qui ont un statut d'observateur dans l'organisation, vise à maximiser leur poids dans un éventuel futur plan de paix, explique un diplomate.
Interrogés par l'AFP, plusieurs ambassadeurs tablaient sur un score oscillant entre 165 et 190 votes pour. "Si c'est 130, ce serait mauvais", estime l'un d'eux.
A l'approche du scrutin à l'Assemblée générale, Washington a multiplié menaces et pressions. Tweet, email, lettre... Tout a été utilisé pour tenter d'empêcher un nouveau revers, mais ces avertissements ont sidéré nombre de diplomates onusiens.
"Ce n'est pas comme ça que ça marche, on vote sur des principes", confie à l'AFP un ambassadeur asiatique sous couvert d'anonymat. "On ne peut pas voter A pendant des années et voter soudainement B", renchérit un homologue d'Amérique latine.
Avec ces pressions, "les Etats-Unis peuvent avoir une dizaine d'abstentions", estime un ambassadeur européen.
Le Canada et le Mexique devraient ainsi s'abstenir, selon des diplomates. L'Union européenne peinait aussi à avoir une position commune.
Alliée des Etats-Unis à l'Otan, la Turquie fait en revanche partie des opposants les plus virulents à la position américaine. Son président, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté jeudi depuis Ankara la communauté internationale à ne pas se "vendre" pour "une poignée de dollars" face aux menaces de Donald Trump de couper des aides financières.
Israël a annexé la partie orientale d'Al Qods, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale "indivisible". Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur Etat.