Soudan: six morts dans un bombardement sur un hôpital imputé aux paramilitaires

Un soldat de l'armée soudanaise marche près d'un véhicule blindé saisi après la prise d'une base par les paramilitaires rivaux des Forces de soutien rapide (FSR), après leur évacuation du quartier de Salha à Omdurman, ville jumelle de la capitale soudanaise, le 26 mai 2025. Le Soudan, troisième plus grand pays d'Afrique, est ravagé par plus de deux ans de guerre entre l'armée et les FSR. Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et engendré ce que les Nations Unies décrivent comme la pire crise humanitaire au monde. (Photo d'Ebrahim Hamid / AFP). AFP or licensors

Six personnes ont été tuées vendredi lors d’un bombardement imputé aux paramilitaires dans le centre du Soudan, pays également confronté à une épidémie de choléra qui a fait des dizaines de morts ces derniers jours.

Le 31/05/2025 à 08h18

«La milice a lancé une frappe de drone sur l’hôpital de l’Assurance sociale (de la ville d’El Obeid), faisant six morts et douze blessés», a déclaré à l’AFP une source au sein de l’armée, en référence aux Forces de soutien rapide (FSR).

En guerre contre l’armée depuis avril 2023, les paramilitaires ont également mené des attaques dans des «quartiers habités avec de l’artillerie lourde», ciblant notamment un deuxième hôpital, a ajouté cette source.

Une source médicale à l’hôpital principal d’El-Obeid a confirmé le bilan de six morts, précisant que l’hôpital de l’Assurance sociale avait dû fermer en raison des dégâts causés par la frappe.

Bombardements répétés

«Nous sommes consternés par une nouvelle attaque meurtrière contre l’hôpital international Eldaman à Elobeid, au Soudan, au cours de laquelle six agents de santé auraient perdu la vie et plusieurs auraient été blessés», a réagi le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur X.

«Les attaques contre la santé doivent cesser», a-t-il ajouté. «Nous appelons à la protection de toutes les infrastructures et du personnel de santé. La paix est le meilleur remède».

En février, l’armée soudanaise avait brisé le siège de près de deux ans des paramilitaires sur El-Obeid, capitale de l’Etat du Kordofan-Nord située à un carrefour stratégique reliant la capitale Khartoum, à 400 kilomètres plus au nord, à la vaste région occidentale du Darfour.

Ces dernières semaines, les combattants des FSR ont intensifié leurs attaques contre El Facher, dernier grand centre urbain du Darfour encore contrôlé par l’armée, et des camps de déplacés proches.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a déclaré jeudi que son centre dans cette ville avait été «endommagé par les bombardements répétés» des FSR. Les États-Unis ont condamné ces frappes.

Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique au département d’État, a réclamé «un accès humanitaire sûr et durable», condamnant «les violations qui mettent en danger les civils et les opérations de secours».

Jeudi, les paramilitaires avaient revendiqué la reprise de deux villes stratégiques dans la région du Kordofan, dont al-Khoei, à 100 kilomètres à l’ouest d’El-Obeid.

Le troisième plus vaste pays d’Afrique est déchiré depuis avril 2023 par une guerre pour le pouvoir entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, et son ancien bras droit, Mohamed Hamdane Daglo, commandant des FSR.

Le pays est de facto divisé en deux: l’armée contrôle le centre, l’est et le nord, tandis que les paramilitaires tiennent la quasi-totalité du Darfour et certaines parties du sud.

La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et provoqué ce que l’ONU a décrit comme «la pire crise humanitaire» en cours dans le monde.

Le ministère soudanais de la Santé a indiqué jeudi qu’une flambée de choléra avait déjà causé 70 décès en deux jours dans la capitale Khartoum.

Les médecins peinent à soigner les patients avec des fournitures médicales de plus en plus limitées, alors que la maladie se propage rapidement.

Chaleur étouffante

«Nous utilisons tous les moyens disponibles pour limiter sa propagation et traiter les patients infectés», a déclaré à l’AFP le Dr Hamad Adel, de Médecins sans frontières (MSF), dans l’hôpital Bashair à Khartoum.

Des patients sont allongés sur des lits, recevant des perfusions intraveineuses dans un centre de fortune installé sous une tente, dans une chaleur étouffante de 40°C, selon des images d’AFPTV.

Dans un autre endroit de l’hôpital, des enfants sont allongés côte à côte, amaigris et épuisés. Dans d’autres hôpitaux débordés de la capitale, le personnel soignant a été contraint d’allonger les patients à même le sol dans les couloirs et les cours.

L’épidémie intervient après des semaines de frappes de drones attribuées aux FSR, qui ont mis hors service l’approvisionnement en eau et en électricité de la capitale.

Selon l’Unicef, l’agence des Nations unies pour l’enfance, plus d’un million d’enfants risquent de contracter le choléra dans l’Etat de Khartoum.

Ce seul Etat a enregistré depuis le début de l’année plus de 7.700 cas, dont 1.000 enfants de moins de cinq ans, et 185 morts, d’après cette source. Mais le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) redoute un bilan réel plus lourd.

La propagation de la maladie risque d’empirer avec la saison des pluies qui débute en juin et entrave l’aide humanitaire.

Par Le360 (avec AFP)
Le 31/05/2025 à 08h18