Quelques heures avant l’expiration jeudi à minuit d’un cessez-le-feu de trois jours qui n’a quasiment pas été respecté, l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé avoir approuvé l’extension de la trêve pour 72 heures «suite à une initiative de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis».
Dans un communiqué commun diffusé à Washington, les membres du «Quad» sur le Soudan (Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Royaume-Uni et États-Unis), ainsi que l’Union Africaine et l’ONU, ont jugé «bienvenue» cette extension du cessez-le-feu et appelé à «sa pleine mise en oeuvre» et à «un accès humanitaire sans entrave».
Ce cessez-le-feu, entamé le mardi 24 avril, a permis l’évacuation de milliers d’étrangers et de Soudanais, mais n’a pas empêché Khartoum d’être pilonnée par avions et artillerie lourde en continu. Les combats qui opposent, depuis le 15 avril, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des FSR du général Mohamed Hamdane Daglo ont fait plus de 500 morts et des milliers de blessés, selon le ministère soudanais de la Santé.
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Au Darfour, région reculée dont l’accès est aujourd’hui impossible, les violences s’intensifient, notamment à El-Geneina, capitale du Darfour-Ouest. «Hôpitaux, bâtiments publics et centres de soin ont été sévèrement endommagés et il y a des pillages à chaque coin de rue», confie à l’AFP un habitant d’El-Geneina.
Attaques, pillages et incendies
Peu d’informations filtrent de cette région frontalière du Tchad et théâtre dans les années 2000 d’une guerre particulièrement sanglante. Mais des médecins prodémocratie ont déjà annoncé la mort d’un de leurs confrères dans ces violences. L’ONU fait état depuis plusieurs jours «d’attaques contre les civils, de pillages et d’incendies de maisons», alors que «des armes sont distribuées» à des civils.
Ces affrontements rendent encore plus précaire la vie des habitants de la région, l’une des plus pauvres du pays où 50.000 enfants «souffrant de malnutrition aiguë» sont privés d’aide alimentaire depuis que l’ONU a interrompu ses activités après la mort de cinq humanitaires.
«La violence, l’interruption du fonctionnement de nombreux hôpitaux et dispensaires, l’accès limité à l’eau potable, les pénuries alimentaires et le déplacement forcé des populations» constituent «les plus grands risques pour la santé au Soudan», alerte l’Organisation mondiale pour la santé (OMS).
Exode massif
Les combats ont provoqué un exode massif dans ce pays de 45 millions d’habitants. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont arrivées dans les pays frontaliers: le Tchad à l’ouest, l’Ethiopie à l’est, le Soudan du Sud et la Centrafrique au sud et l’Égypte au nord.
Le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, a appelé les pays voisins et la communauté internationale à aider les personnes fuyant les combats, exhortant les belligérants à «convenir immédiatement d’un cessez-le-feu permanent pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire aux Soudanais dans le besoin».
Ces derniers jours, plusieurs pays (dont le Maroc) ont organisé des évacuations par voie maritime ou aérienne. Ceux restés au Soudan dans les zones de combat doivent composer avec les pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité ainsi que les coupures d’Internet et des lignes téléphoniques. Le coordinateur humanitaire par intérim des Nations Unies au Soudan, Abou Dieng, s’est dit «extrêmement inquiet quant à l’approvisionnement en nourriture».