Les membres du groupement BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunis en sommet à Johannesburg se sont accordés mercredi sur le principe d’une expansion du bloc de pays émergents, désireux d’étendre leur influence, le choix stratégique de nouveaux membres devant encore être discuté.
«Nous nous sommes mis d’accord sur la question de l’expansion. Nous avons adopté un document qui définit les lignes directrices, les principes et les processus d’examen des pays qui souhaitent devenir membres des BRICS», a déclaré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, sur une radio publique.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait déclaré plus tôt que l’ensemble des membres du bloc soutenaient «pleinement» l’idée d’un élargissement. Une quarantaine de pays ont demandé leur adhésion ou manifesté leur intérêt. Selon les dirigeants du «club des cinq», qui produit un quart de la richesse mondiale et rassemble 42% de la population du globe, cet engouement montre l’influence grandissante des pays émergents sur la scène mondiale.
En cette matinée de jeudi, les pays qui bénéficieront de cet élargissement, au nombre de six, ont été annoncés. Ainsi, l’Iran, l’Argentine, l’Egypte, l’Éthiopie, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis rejoigneront, à compter du 1er janvier 2024, le groupe des pays émergents.
La Chine, poids-lourd qui pèse environ 70% du PIB du groupe, a clairement réitéré son intention de gagner en puissance. «Les BRICS doivent œuvrer en faveur du multilatéralisme et ne pas créer de petits blocs. Nous devons intégrer davantage de pays dans la famille des BRICS», a enjoint le président Xi Jinping.
Alliage hétéroclite de pays géographiquement éloignés et dotés d’économies à la croissance inégale, les BRICS ont en commun leur revendication d’un équilibre mondial plus inclusif, en particulier au regard de l’influence des États-Unis et de l’Union européenne.
Des réserves subsistent
L’Inde, autre locomotive économique du groupe qui se méfie des ambitions de son rival régional chinois et ne s’était pas exprimée sur une possible expansion à l’ouverture du sommet mardi, a finalement déclaré soutenir l’ouverture, sous réserve d’un accord sur les modalités. «L’Inde soutient pleinement l’élargissement de la composition des BRICS et se réjouit d’avancer vers un consensus», a déclaré le Premier ministre Narendra Modi.
Le processus de décision au sein des BRICS requiert en effet l’unanimité. M. Ramaphosa a déclaré «espérer trouver une solution claire» sur les questions relatives à l’expansion. «Les BRICS sont à l’évidence divisés à l’heure actuelle», estime Gustavo de Carvalho, chercheur en relations internationales basé en Afrique du Sud, interrogé par l’AFP.
Outre l’Inde, le Brésil, officiellement favorable à l’ouverture, craint qu’une expansion ne «dilue» son influence mondiale et au sein du bloc, selon le spécialiste. Pretoria plaide pour l’intégration de pays africains, sur un continent devenu un nouvel échiquier dans le jeu diplomatique mondial. La Russie a quant à elle «désespérément besoin d’amis et de partenaires» avec la guerre en Ukraine et «il n’est pas étonnant qu’elle soit en faveur d’une expansion», poursuit M. de Carvalho.
Rio, Pretoria et Delhi devront aussi peser leur proximité avec la Chine et la Russie avec le risque de s’éloigner d’un partenaire commercial majeur comme les États-Unis. Les États-Unis ont affirmé mardi ne pas voir dans les BRICS de futurs «rivaux géopolitiques», assurant vouloir maintenir de «solides relations» avec le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud.
Les BRICS ont réaffirmé leur position «non-alignée» lors du sommet, à un moment où les divisions ont été accentuées par le conflit en Ukraine. «Nous défendons tous un ordre mondial multipolaire», a affirmé Vladimir Poutine. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour crime de guerre en Ukraine, le président russe s’est exprimé au sommet en visioconférence.