Les chefs d'Etat et de gouvernement auront jeudi soir une discussion entièrement consacrée à la Turquie, après l'escalade de l'été sur fond de manoeuvres militaires d'Athènes et Ankara, qui se disputent des gisements d'hydrocarbures en Méditerranée.
A la veille de ce sommet de deux jours qui débutera jeudi à 13H00 GMT, le président du Conseil européen, Charles Michel, a appelé Ankara à se montrer "constructif" dans le règlement des litiges avec Athènes et Nicosie sur la délimitation de ces zones, tout en agitant la menace de sanctions contre le régime turc.
La voie est étroite pour les 27: ils ne doivent pas compromettre le dialogue qu'Athènes et Ankara ont promis de reprendre. Mais ils entendent aussi adresser un message de fermeté à Recep Tayyip Erdogan et afficher leur pleine solidarité avec Athènes et Chypre.
"Il y a une volonté unanime de retrouver des relations assainies avec la Turquie mais il y a des conditions", a commenté un diplomate européen. "Il faut trouver les bons instruments, le bon calendrier et le bon message politique", a-t-il ajouté.
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En cas d'apaisement dans la région, l'UE se dit prête a reprendre les discussions sur l'Union douanière avec la Turquie et la délivrance de visas.
Les 27 jugent positif la décision d'Ankara de faire rentrer un bateau de recherche pétrolière envoyé dans les eaux de la Grèce. "Mais nous n'avons pas vu les mêmes dispositions vis-à-vis de Chypre", a souligné un responsable européen.
"Aujourd'hui les Etats-Unis et la Russie ont tracé des lignes rouges avec le président Erdogan en mer Egée, en Libye et même au Nagorny Karabakh. Seuls les Européens ne l'ont pas fait pour l'instant et le président Erdogan en profite pour avancer ses pions", soutient Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques.
La position des Européens sera déterminante pour débloquer les sanctions contre le Bélarus, prêtes depuis plusieurs semaines, mais bloquées par Chypre qui réclame une fermeté accrue à l'encontre d'Ankara.
"Il faut redonner confiance à Chypre pour avancer sur le Bélarus", commente un diplomate européen.
Une liste d'une quarantaine de responsables bélarusses, accusés de répression contre l'opposition ou de falsifications du résultat de la présidentielle, a été mise au point par l'UE, mais elle doit être approuvée à l'unanimité des Etats membres. Y inclure ou non le président Alexandre Loukachenko, comme l'ont fait le Canada et le Royaume-Uni et que l'UE ne reconnaît plus comme président, pourrait être discuté.
La seconde journée du sommet, vendredi, sera consacrée à l'économie. Elle aura pour toile de fond les difficiles négociations avec le Parlement européen pour faire approuver le budget pluriannuel de 1.000 milliards d'euros et la capacité d'emprunts de 750 milliards destinée au plan de relance post-coronavirus pour sortir les économies européennes de la récession.
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Les eurodéputés, opposés aux coupes drastiques dans plusieurs programmes, comme Erasmus, réclament une augmentation de plus de 100 milliards d'euros. Inacceptable pour les "frugaux" (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche).
Les élus sont également mécontents des dispositions prévues sur la conditionnalité du versement des fonds et le respect de l'Etat de droit qu'ils jugent insuffisantes.
Les enjeux sont considérables alors que le temps presse, insistent les capitales. Le sujet devrait être abordé de manière informelle jeudi lors de la rencontre avec le président du Parlement, l'Italien David Sassoli.
Last but not least, les leaders auront droit à un point sur le Brexit et l'état des négociations sur la relation post-divorce avec Londres.
L'Irlande fera part vendredi à ses pairs de ses inquiétudes sur le projet de loi britannique qui revient en partie sur l'accord de divorce concernant l'Irlande du Nord, des dispositions destinées à éviter un retour d'une frontière sur l'île.
Le Premier ministre suédois Stefan Löfven ne viendra pas au sommet en raison d'un deuil familial et le président Emmanuel Macron sera absent le second jour en raison d'obligations en France.