Lors d’une interview avec une quinzaine d’agences de presse, en marge du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le mercredi 5 juin, le président russe Vladimir Poutine a a menacé mercredi de livrer des armes à des pays tiers susceptibles de frapper les intérêts occidentaux, si l’Occident autorise l’Ukraine à frapper la Russie avec ses missiles de longue portée.
Pour M. Poutine, si des missiles de ce type étaient tirés à l’avenir contre des cibles en Russie, Moscou riposterait. «Si quelqu’un considère possible de fournir de telles armes dans la zone de combats pour frapper notre territoire (...), pourquoi n’aurions-nous pas le droit de fournir nos armes du même type dans des régions du monde où seront frappées les installations sensibles des pays qui agissent ainsi contre la Russie?», a lancé M. Poutine.
Le président russe a fait planer cette menace alors que les pays occidentaux sont de plus en plus favorables à autoriser l’Ukraine à utiliser leurs armes pour frapper le territoire russe. Certains pays de l’Otan, comme l’Italie, restent cependant opposés à l’utilisation de leurs armes en territoire russe, notamment des missiles longue portée de haute précision, craignant une escalade du conflit.
«Mesure très dangereuse»
Lors de cette discussion d’environ trois heures, M. Poutine a réitéré ses arguments selon lesquels la Russie était disposée à s’asseoir à la table des négociations, et que le meilleur moyen d’arrêter la guerre était que les Occidentaux «cessent de livrer des armes» à l’Ukraine.
«Fournir des armes à une zone de conflit est toujours une mauvaise chose. Surtout quand les fournisseurs ne se contentent pas de fournir des armes, mais qu’ils les contrôlent. C’est une mesure très grave et très dangereuse», a-t-il encore déclaré, refusant de voir son offensive de février de 2022 comme le facteur central du conflit.
Le président russe a par ailleurs refusé de chiffrer les pertes subies par l’armée russe après deux ans et demi de conflit, assurant qu’elles étaient «très inférieures» aux pertes ukrainiennes. «Si l’on parle de pertes irréparables (de morts, ndlr), alors le rapport est de un à cinq» avec les pertes subies côté ukrainien, a-t-il affirmé.
Il a assuré que ce rapport était semblable à la différence entre le nombre de prisonniers de chaque camp. Selon lui, la Russie détient actuellement 6.465 soldats ukrainiens, contre 1.348 soldats russes prisonniers en Ukraine.
Le président a aussi martelé que la Russie n’avait «pas d’ambitions impériales» et ne prévoyait pas d’attaquer l’Otan. «Ne cherchez pas ce qui n’existe pas (...) ne cherchez pas nos ambitions impériales. Elles n’existent pas». «On invente comme quoi la Russie veut attaquer l’Otan (...) Qui a inventé cette absurdité?», a-t-il lancé.
Vladimir Poutine s’est également exprimé sur la guerre menée depuis 8 mois par Israël à Gaza. «Ce qui se passe actuellement à Gaza (…) ne ressemble pas du tout à une guerre. Il s’agit d’une espèce d’anéantissement total de la population civile», a-t-il déclaré, estimant que la situation était «le résultat de la politique des Etats-Unis, qui ont monopolisé le règlement israélo-palestinien et mis de côté tous les outils créés auparavant pour tenter collectivement de régler ces questions très complexes».
La Russie, qui maintient traditionnellement de bonnes relations avec à la fois l’autorité palestinienne, les pays arabes et Israël, estime que la création d’un Etat palestinien est la solution « la plus crédible » à la guerre entre Israël et le Hamas.