Roumanie: un candidat populiste pro-russe crée la surprise aux élections présidentielles

Calin Georgescu, candidat d'extrême droite arrivé en tête au premier tour des élections présidentielles roumaines.

Séisme électoral en Roumanie: Calin Georgescu, candidat populiste pro-russe que personne n’attendait est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, devant le Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu, après le dépouillement de plus de 98% des suffrages.

Le 25/11/2024 à 07h34

Donné largement en tête par les sondages de sortie des urnes, le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu, social-démocrate de 56 ans, a vu remonter dans la soirée son rival d’extrême droite et pro-russe, Calin Georgescu, candidat pro-russe que personne n’attendait. Après dépouillement de 98,66% des bulletins, ce dernier recueille 22,59% des suffrages, contre 19,55% pour Marcel Ciolacu.

Elena Lasconi, maire centre droit d’une petite ville, arrive en troisième position à 18,84%. Donné favori à l’extrême droite avant le scrutin, George Simion du parti Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) doit pour sa part se contenter de la 4ème place, à 13,94%. En l’état, Calin Georgescu et Marcel Ciolacu sont appelés à s’affronter lors d’un second tour prévu le 8 décembre, une semaine après les législatives prévues le 1er décembre.

Quelle que soit l’issue du scrutin présidentiel, «l’extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection», avec plus de 35% des suffrages, a commenté pour l’AFP le politologue Cristian Pirvulescu. Selon les experts, elle a profité d’un climat social et géopolitique tendu dans cet État membre de l’Union européenne et de l’Otan, situé aux portes de l’Ukraine.

C’est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d’habitants qui a jusqu’ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le président de la République roumaine occupe une fonction essentiellement protocolaire, mais exerce un magistère moral important.

Campagne TikTok

Félicitant son adversaire, George Simion, 38 ans et grand fan de Donald Trump, s’est réjouit qu’un «souverainiste» se retrouve au second tour. Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, le co-président de l’AUR était considéré comme l’un des favoris.

Mais s’il a su capitaliser sur la détresse d’une partie de la population appauvrie par la forte inflation, il a aussi voulu renvoyer une image modérée qui «l’a desservi auprès des plus radicaux», analyse Cristian Pirvulescu. À l’inverse, Calin Georgescu a séduit dans les derniers jours avec une campagne TikTok devenue virale, focalisée sur la nécessité de stopper l’aide à l’Ukraine.

Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev devenu très impopulaire, les Roumains ont donc porté leur dévolu sur les candidats «antisystème», sur fond de montée des mouvements ultra-conservateurs en Europe.

Fort de ces bons scores à la présidentielle, l’extrême droite devrait bénéficier d’«un effet de contagion» aux élections législatives du 1er décembre, pronostique Cristian Pirvulescu. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition. Les sociaux-démocrates, héritiers de l’ancien parti communiste structurant la vie politique du pays depuis plus de trois décennies, gouvernent actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.

Par Le360 (avec AFP)
Le 25/11/2024 à 07h34