Le roi Salmane, 81 ans, a pris les rênes de l'Arabie saoudite le 23 janvier 2015. Deux mois plus tard, son pays entre en guerre au Yémen. Le royaume était déjà confronté à la violence jihadiste, et contraint, en raison de la chute des revenus pétroliers, à une politique d'austérité dans un pays connu pour sa politique de l'Etat providence.
A cela est venue s'ajouter ces dernières semaines la dispute avec le Qatar, accusé de "soutenir le terrorisme" et de se rapprocher de l'Iran: une crise sans précédent dans l'histoire des relations entre pays arabes du Golfe.
Le roi, sous l'influence de son jeune fils Mohammed, n'a pas hésité à intervenir au Yémen et à croiser le fer avec le Qatar contre lequel Riyad a mobilisé une alliance arabe.
L'ascension fulgurante du prince Mohammed s'est accompagnée de la mise à l'écart de l'ancien prince héritier, Moqren, et de son successeur Mohammed ben Nayef.
En favorisant cette percée de la deuxième génération des Al-Saoud, conduite jusqu'alors par les fils du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume, le roi Salmane a fait le choix de l'audace.
Rôle d'arbitreFace à l'Iran déjà influent au Liban, en Irak et en Syrie, le roi Salmane a mis en place une coalition arabe qui lance le 26 mars 2015 au Yémen une opération militaire pour empêcher les rebelles chiites Houthis, soutenus par Téhéran, de prendre le contrôle de tout le pays. Le conflit s'est enlisé.
Le roi Salmane -dont le gouvernement a été critiqué pour la bousculade ayant fait plus de 2.200 morts durant le pèlerinage annuel de La Mecque en septembre 2015, la pire tragédie de l'histoire récente du hajj- a pourtant une longue expérience du pouvoir.
Il peut se réjouir aujourd'hui de la politique franchement hostile à l'égard de son rival chiite iranien de l'administration du président américain Donald Trump alors qu'il jugeait molle celle de son prédécesseur Barack Obama. Du temps où il était prince héritier, Salmane présidait déjà le Conseil des ministres et représentait à l'étranger le roi Abdallah, son prédécesseur, qui avait alors réduit ses activités publiques pour des raisons de santé.
Né à Riyad le 31 décembre 1935, le roi a été gouverneur de la capitale pendant près de 50 ans. Il est considéré comme l'artisan du développement de cette cité bâtie en plein désert par les Al-Saoud. Mais son poste lui a surtout donné l'opportunité de "jouer le rôle d'arbitre très respecté des affaires de la famille Al-Saoud", souligne Eleanor Gillespie dans la Gulf States Newsletter basée à Londres.
Le roi Salmane est le 25e fils du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume, et fait partie du clan des Soudaïri, les sept fils d'une même mère, Hassa bent Ahmad al-Soudaïri, favorite du roi. Parmi ses frères figuraient le roi Fahd et les princes Nayef et Sultan, tous trois décédés. Salmane souffre de problèmes de santé et a notamment été opéré en 2010 d'une hernie discale.
Marié à trois reprises, le roi a 10 fils encore en vie, dont les plus connus sont Mohamed, devenu prince héritier, le prince Abdel Aziz, ministre adjoint du Pétrole, et Sultan, le prince astronaute, seul Saoudien à avoir fait partie d'une mission dans l'espace et qui préside actuellement la commission pour le Tourisme et les Antiquités.