Mais qui est réellement Karim Bouamrane, ce maire français d’origine marocaine dont le nom émerge de plus en plus dans les couloirs de l’Élysée? Cadet d’une famille dont le chef travaillait comme maçon, il a d’abord fait ses preuves dans le monde politique au sein du Parti communiste pendant deux décennies avant de rejoindre le Parti socialiste. Après avoir travaillé dans le secteur de la cybersécurité en Silicon Valley, il est rentré en France pour devenir maire de Saint-Ouen en 2020, la ville où il a grandi, tout en lançant sa propre entreprise.
Bouamrane a particulièrement brillé lors des Jeux olympiques de Paris, faisant de Saint-Ouen la ville hôte des athlètes brésiliens, comme l’a souligné dans un portrait Le Figaro Magazine. «Il revendique des valeurs de gauche sans jamais rougir de défendre des principes comme l’autorité, la sécurité, le patriotisme», note l’hebdomadaire.
Après une maîtrise en économie et en droit européen, Bouamrane a occupé un poste de direction dans une société de cybersécurité au début de l’Internet. Cette expérience lui a permis de voyager, notamment aux États-Unis, où il a perfectionné son anglais et approfondi son respect pour le système de sécurité sociale français. En 1995, il est élu pour la première fois au conseil municipal de Saint-Ouen, rejoignant ensuite le Parti socialiste, dont il deviendra porte-parole.
«Obama von der Seine»
Le quotidien allemand Die Welt le qualifie même de «Obama von der Seine» (Le Obama de la Seine): «Le grand vainqueur de ces Jeux olympiques, le médaillé d’or politique, se nomme Karim Bouamrane. Il a grandi à Saint-Ouen... est parti à la découverte du monde et a travaillé dans la cybersécurité. À son retour, il s’est impliqué en politique locale. Lorsqu’on lui demande pourquoi il est toujours impeccablement habillé, il répond qu’il porte le costume trois-pièces “par respect pour les gens”.»
«Clairement le profil pour l’Élysée», avait commenté sur X (ex-Twitter), Gaspard Gantzer, l’ancien conseiller sous la présidence de François Hollande, sur le portrait du socialiste dans le quotidien allemand.
Un proche du président Emmanuel Macron, cité par L’Opinion, note de son côté qu’il peut parfaitement incarner le rôle de Premier ministre. «Karim Bouamrane peut faire partie des profils d’un futur Premier ministre, car il est un élu local, respecté au PS et qu’il peut parler à la droite.»
La notoriété atteint même les États-Unis. Le prestigieux The New York Times n’a pas non plus tari d’éloges envers lui en avril dernier: «Fils cadet d’un immigré marocain illettré venu à Paris pour travailler sur des chantiers de construction afin de soutenir ses frères et sœurs restés au pays, M. Bouamrane est parfaitement conscient du pouvoir de son image.»
Un grand soutien
Dans un portrait dédié, Le Monde rapporte également que Bouamrane «dispose de solides appuis, de l’ancien ministre de la ville Jean-Louis Borloo, qui –en privé– le voit aller jusqu’à l’Élysée, au banquier Matthieu Pigasse qui vante son sens du compromis et la manière qu’a eue son ami de “transformer sa ville, l’apaiser et la rendre attractive. Il entretient aussi d’excellentes relations avec l’ex-ministre macroniste Clément Beaune, lui aussi favorable à une coalition, à l’Assemblée nationale”».
«Toutes ces attentions ont fini par attirer celle de l’Élysée, où l’on juge le profil de Karim Bouamrane intéressant. Au jeu des pronostics pour Matignon, fait de leurres et de ballons d’essai, son nom est l’un des plus cités, ces jours-ci. Dans le camp du chef de l’État, on rappelle que ce dernier a toujours aimé surprendre: après avoir nommé une femme (Élisabeth Borne), puis le plus jeune premier ministre de la Vème République (Gabriel Attal), la promotion d’un fils de maçon marocain, qui a apporté sa pierre au succès des JO, entrerait aussitôt dans l’histoire», résume le quotidien français qui a consacré un long article à cette étoile montante de la politique française.
Karim Bouamrane incarne une figure politique dynamique et respectée, dont la trajectoire impressionnante pourrait bien le conduire à de nouvelles responsabilités de premier plan en France, où il pourrait devenir le futur locataire de Matignon, voire au-delà.