Lors d’une réunion tenue mercredi 8 juillet, par le Comité permanent du Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU à Genève, l’Algérie a affirmé, malgré ce qu’écrivent les médias du Polisario eux-mêmes ou ce qui est consigné dans les rapports documentés de l’Office européen antifraude (OLAF), que les «prétendus détournements de l’aide humanitaire» destinée aux camps de Lahmada près de Tindouf ne sont que des «allégations marocaines».
Selon le chargé d’affaires à la mission algérienne auprès de l’Office des Nations unies à Genève, Mehdi Litim, qui s’exprimait lors de cette réunion du HCR, ces accusations «étaient bien évidemment démenties par la réalité sur le terrain», rapporte l’agence de presse officielle algérienne (APS), car, ajoute-t-il, «toutes les étapes d'acheminement des aides humanitaires vers les camps de réfugiés sahraouis obéissent à un dispositif de contrôle extrêmement rigoureux, objet de rapports d’audit réguliers».
Or, comment ce «contrôle extrêmement rigoureux» peut-il avoir lieu si l’on ne connaît pas avec exactitude le nombre des habitants des camps de Lahmada, leur identité, leur pays d’origine, leur volonté de partir ou de rester…afin que l’aide puisse être mieux quantifiée et bien ciblée?
C’est justement pour avoir soulevé cette problématique essentielle qui préoccupe la communauté internationale que le délégué marocain à cette réunion de Genève a placé l’Algérie face à ses contradictions dans le conflit du Sahara qu’elle a sciemment créé et dans lequel elle s’est embourbée.
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Alger va même jusqu’à affirmer que l’exigence par le Maroc du recensement des habitants des camps de Lahmada est «utilisée pour détourner l’attention du Comité permanent du HCR et de la communauté internationale de la possibilité d’une résolution au conflit du Sahara occidental». En réalité c’est le refus algérien du recensement qui est utilisé pour gonfler, puis détourner, l’aide humanitaire, ce qui lui permet d’entretenir à moindres frais les frasques des dirigeants du Polisario, qui n’ont ainsi aucun intérêt à ce qu’une solution soit trouvée au conflit créé autour du Sahara marocain.
D’ailleurs, l’Algérie a été pointée du doigt, il y a tout juste une semaine par des députés du Parlement européen, pour son refus constant d’accepter un recensement des Sahraouis des camps de Lahmada, condition sine qua non pour leur acheminer, de façon transparente, l’aide humanitaire. «Face au refus que l’Algérie oppose au HCR d’organiser un recensement de la population des camps de Tindouf malgré les multiples appels du Conseil de sécurité de l’ONU, nous sommes en droit de demander à l’UE de prendre des mesures pour surveiller l'aide humanitaire envoyée dans ces camps et pour garantir que l'argent du contribuable européen ne soit pas dilapidé», a déclaré l’eurodéputée Dominique Bilde.
Elle s’exprimait le 1er juillet courant devant la Commission développement du Parlement européen où elle a réclamé une nouvelle enquête sur la poursuite du détournement de l’aide humanitaire européenne par le Polisario et l’Algérie. Elle a également jugé anormal le fait que l’Algérie cache cette pratique frauduleuse en reconnaissant ouvertement qu’elle prélève «seulement» 5% des taxes sur ces aides humanitaires.
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D’ailleurs, dans le sillage de la crise induite par la pandémie mondiale de coronavirus, l’Algérie n’a cessé, directement ou par le biais du Polisario, de lancer des SOS à la communauté internationale pour réclamer de nouvelles aides urgentes, alors qu’elle se vante par ailleurs de fournir l’aide et la protection aux «réfugiés sahraouis», donnant l’impression que ces derniers ne manqueraient de rien sur son territoire. Les SOS à répétition du régime algérien indiquent toutefois l’état d’esprit qui prédomine actuellement à Alger. Ce régime est pris entre l’étau de la très grave crise économique qu’il traverse et la nécessité de continuer à sustenter les dirigeants du Polisario.
L’autre contradiction de l’Algérie, c’est de s’en tenir au chiffre très exagéré de «173.000 réfugiés sahraouis» (une extrapolation à titre maximal faite par certains pourvoyeurs d’aide), pour refuser catégoriquement au HCR et à l’ONU de le confirmer ou de l'infirmer sur place. Et pourtant, l’Algérie se plaint en même temps de ces organismes, en affirmant que «beaucoup reste à faire afin de traiter l’ampleur inquiétante des situations d’urgence et de remédier aux crises prolongées qui continuent de peser lourdement sur les pays d’accueil».
Reste à interpréter ce qu’a voulu exprimer exactement le diplomate algérien, Mehdi Litim, en concluant que «le retour volontaire, sûr et digne, demeure la solution privilégiée aussi bien pour les pays d’accueil que pour les réfugiés eux-mêmes». L’espoir est permis.