Dans le box de ce procès inédit, entamé mercredi devant le tribunal de Sidi M'hamed à Alger, figurent deux anciens Premiers ministres - Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal -, plusieurs ex-ministres, des cadres du ministère de l'Industrie et des grands patrons du secteur automobile, dont Ahmed Mazouz, président du groupe éponyme qui assemble et distribue en Algérie des véhicules de marques chinoises.
Ce dernier, accusé de "corruption pour avantages indus et de financement occulte de la campagne électorale" de Bouteflika au début de l'année, a été longuement interrogé jeudi matin par le juge et le procureur et confronté aux deux ex-Premiers ministres.
L'accusation estime que Mazouz a bénéficié d'une autorisation de montage de camions et de bus, sans répondre aux exigences du cahier des charges du secteur et sans passer par la commission technique du ministère de l'Industrie, en contrepartie du financement de la campagne de Bouteflika.
Le chef de l'Etat entendait briguer un 5e mandat lors de la présidentielle qui était prévue le 18 avril 2019, finalement annulée face au mouvement ("Hirak") populaire de contestation du régime, déclenché le 22 février à cause de sa candidature.
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L'industriel a rejeté ces accusations mais admis avoir remis un chèque de 390 millions de dinars (3 millions d'euros) à Ali Haddad, alors dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) et chargé selon lui de récolter les fonds pour la campagne.
"Le vice-président du FCE (Mohamed Bairi, également sur le banc des accusés: ndlr) m'a demandé de participer au financement de la campagne. J'ai demandé à mon avocat, il m'a dit que je pouvais le faire avec mon argent personnel. J'ai donné un chèque de 390 millions de dinars, deux jours avant le début de la contestation", s'est défendu Mazouz.
Ce procès est le premier consécutif aux vastes enquêtes sur des faits présumés de corruption, lancées après la démission, le 2 avril, de Bouteflika, poussé au départ par cette contestation inédite, après 20 ans à la tête de l'Etat.
Depuis le début du procès, les principaux accusés ne cessent de se défausser sur les autres.