C’est le début de la fin d’une stratégie qui aura fait long feu: les autorités françaises commencent à sévir dans les milieux de la diaspora algérienne activés pour semer la terreur en France. Du ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau, on apprend ainsi que le tristement célèbre tiktokeur Youcef Zazou, Youcef A. de son vrai nom, 25 ans et natif de Mostaganem, en Algérie, a été arrêté ce vendredi 3 janvier à Brest. Celui qui comptabilise 400.000 followers s’est illustré dernièrement en diffusant des appels à la haine et à commettre des attentats en France.
Mal lui en a pris. «L’influenceur algérien “Zazouyoucef”, qui appelait sa communauté à commettre des attentats en France, devra répondre de ses actes devant la Justice. Il a été interpellé ce matin à Brest. Merci aux magistrats et aux forces de l’ordre qui ont permis cette interpellation», a écrit ce vendredi le ministre de l’Intérieur français sur le réseau social X. Le message est clair: «Ne rien laisser passer.» Il faut dire que le concerné avait maintes fois dépassé toutes les limites.
Dans une vidéo postée dans la soirée du 31 décembre 2024, l’influenceur appelait à commettre des actes de terrorisme en France, mais aussi en Algérie.
«Nous sommes en guerre. Au moindre faux pas, on va niquer vos mères», expliquait-il en mimant un geste d’égorgement. Il s’était ensuite filmé dans les rues de Brest, lançant sur un ton menaçant: «Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, on va vous violer puis niquer votre mère (…) Vive l’Algérie, moi je vais vous achever».
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Dans une autre vidéo, publiée quelques jours plus tôt, le même «Zazou» menaçait de commettre des attaques contre les personnes qui manifesteraient contre le régime algérien le soir du Nouvel An. «On va vous faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (…) Vous voulez sortir le 1er janvier? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune, tirez sur eux, ils veulent le chaos», lançait-il face caméra tout en mimant des tirs avec ses mains.
À lui seul, le profil de Zazou Youcef résume les critères de «patriotisme» requis par le régime d’Alger dans ce qui ressemble à une campagne de terreur en voie de lancement sur le territoire français par des personnes soutenant le régime algérien et s’en disant proches. Connu des services de police pour des faits de droit commun (vols à la roulotte, vols à l’étalage et dégradations de biens), le tiktokeur était également visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) émise en avril dernier.
Comme obéissant à un mot d’ordre en bonne et due forme, des profils similaires au sein de la communauté algérienne de France prospèrent ces derniers jours sur la Toile et les réseaux sociaux. L’un d’eux, répondant au pseudonyme «Imadtintin» et habitant à Grenoble, appelle à brûler vif, tuer et violer toute personne sur le sol français qui s’opposerait au régime algérien.
Il ne manque d’ailleurs pas d’exprimer sa solidarité avec Zazou Youcef. Sur TikTok, l’une de ses vidéos a cumulé plus de 800.000 vues.
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En affirmant désormais «ne rien laisser passer», les autorités françaises adoptent ainsi une posture de fermeté et de vigueur à l’encontre d’un véritable fléau qui sévit actuellement dans l’Hexagone. Car bien d’autres membres de la diaspora algérienne ont été embrigadés par le régime en place. La mini-campagne menée en décembre dernier sur la Toile, consistant à élaborer un petit texte d’encouragement au président Abdelmadjid Tebboune et de menace contre toute voix dissonante, et le faire reprendre en synchronisation labiale (lipsync) par un maximum d’Algériens de France est encore dans toutes les mémoires. Tout comme la grossière manipulation d’un pseudo-terroriste repenti qui affirme avoir été embrigadé par la DGSE française pour former des groupes terroristes et mener des opérations de déstabilisation en Algérie. Le tout a été médiatisé à large échelle, à la fois par la télévision publique algérienne et par l’agence de presse officielle APS, ainsi que par la meute médiatique aux ordres.
La manœuvre est cousue de fil blanc et les objectifs sont multiples. Craignant pour sa survie, le régime d’Alger semble appeler la France à l’aide par tous les moyens à sa disposition, y compris celui de la terreur. Le message est à peine voilé: si le «Système» coule, il ne coulera pas tout seul. Donc, la France aurait tout intérêt à préserver le régime agonisant si elle ne veut pas subir des conséquences de son effondrement. Comprendre: si le régime algérien explose, la France sera fatalement éclaboussée.
L’autre visée est également de faire revenir Paris sur son choix irrévocable du Maroc. Après des années de tentatives d’apaisement d’un régime devenu fou à lier, Paris a fini par se lasser. Et à la faveur d’un appui historique à la marocanité du Sahara, l’Élysée a opté pour un rapprochement plus ferme que jamais avec Rabat. Alger l’y a d’ailleurs beaucoup aidé: par son instabilité, au sens psychologique du terme, ses agitations et son trop-plein d’exploitation de la rente mémorielle.
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S’y ajoute une autre finalité: faire taire toutes les voix algériennes installées en France, et plus largement en Europe, et opposées au régime d’Alger. Dans une étude dédiée, l’Institut du Caire pour les études des droits de l’Homme expliquait les méthodes du régime d’Alger en matière de répression des militants en exil ou toute voix un tant soit peu discordante à l’étranger.
«Après la fermeture progressive de tous les espaces de contestation en Algérie, depuis l’écrasement du soulèvement populaire Hirak en 2020, les autorités ont élargi leur champ d’action répressif et s’en prennent désormais aux dissidents établis à l’étranger. Cet élargissement traduit la volonté du régime de réduire l’opposition au silence et de garder le contrôle, sans tenir compte des frontières géographiques», lit-on dans ledit rapport. Parmi les personnes ciblées par ces méthodes figurent notamment des militants de premier plan et des membres connus du Hirak de 2019, ainsi que des personnes qui dénoncent la corruption du gouvernement et les violations de droits humains ou qui formulent toute autre critique à l’égard des responsables algériens ou de l’État.
Les actions extraterritoriales, avec la diaspora comme outil, aident par ailleurs le régime algérien à promouvoir un discours fallacieux, selon lequel le pays serait confronté à un réseau d’entités criminelles et terroristes qui opéreraient au sein de l’Algérie et à l’étranger et qui porteraient atteinte à la sécurité et à l’unité de l’État. L’affaire Boualem Sansal est passée par là, et si le régime a réussi à l’arrêter à Alger et à l’emprisonner, il n’est pas sûr qu’il y arrive avec tous les autres dissidents, se comptant par milliers. À moins de diligenter des repris de justice et des criminels pour les «punir»… Autant dire que la fermeté des autorités françaises face à l’exportation de la violence par une contagieuse voyoucratie trouve ainsi tout son sens.