Les Israéliens, juifs et musulmans, pouvaient déjà se rendre en Arabie saoudite à des fins religieuses et commerciales en passant par un pays tiers comme la Jordanie --située entre les deux pays et seul Etat arabe, avec l'Egypte, à avoir conclu un accord de paix avec l'Etat hébreu. Mais Israël n'avait jamais approuvé officiellement ces voyages.
Ryad n'entretient pas de relations diplomatiques officielles avec l'Etat hébreu mais les deux pays ont récemment noué des liens en raison notamment de leur ennemi commun dans la région, l'Iran, qu'ils accusent de vouloir y étendre son influence et de chercher à se doter de l'arme nucléaire.
Israël a aussi amorcé un rapprochement avec d'autres pays du Golfe, comme les Emirats arabes unis, où se sont rendus des responsables pour des visites officielles ou des compétitions sportives.
Il s'agit de "petites étapes de normalisation, pas d'une normalisation complète", estime Yoel Guzansky, ancien directeur de la section "pays du Golfe" au Conseil national de sécurité israélien.
Le fait que les pays du Golfe entretiennent des relations avec Israël est "le secret le moins bien gardé du Moyen-Orient", dit-il à l'AFP.
Les pays arabes ont historiquement fait du règlement de la question palestinienne la condition d'une normalisation avec Israël.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des membres de l'administration du président américain Donald Trump, proche allié d'Israël, défendent toutefois une autre approche selon laquelle une normalisation avec les pays arabes favoriserait la paix avec les Palestiniens.
Le ministre de l'Intérieur Arié Dery "a signé pour la première fois un décret autorisant les Israéliens à se rendre en Arabie saoudite", a indiqué dimanche son bureau dans un communiqué.
Cette décision, prise en accord avec les forces de sécurité et diplomatiques, va permettre de délivrer des permis de sortie vers l'Arabie saoudite "à des fins religieuses pendant le hajj et la omra", les pèlerinages musulmans.
Les Israéliens souhaitant se rendre dans le royaume saoudien "pour participer à des réunions d'affaires ou chercher des investissements" seront autorisés à le faire pendant une période pouvant aller jusqu'à 90 jours, a ajouté le ministère.
Ils devront dans ce cas avoir "organisé leur entrée" en Arabie saoudite au préalable et détenir une invitation d'un corps gouvernemental, a précisé cette source.
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Les autorités saoudiennes n'ont pas réagi dimanche à l'annonce des autorités israéliennes.
"Il sera très intéressant de voir comment répondront les Saoudiens, s'ils accorderont des visas aux Israéliens juifs avec des passeports israéliens", souligne Guzansky. "Je ne suis pas certain qu'on en soit encore là".
Dimanche, Netanyahu a félicité Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LIM), un organisme considéré comme le bras diplomatique de l'Arabie saoudite, pour avoir assisté cette semaine en Pologne à des commémorations du 75e anniversaire de la libération du camp nazi d'Auschwitz.
"C'est un autre signe de changement dans l'attitude des acteurs islamiques et, bien sûr, des Etats arabes envers la Shoah et le peuple juif", a déclaré M. Netanyahu avant son départ pour Washington, où doit être annoncé le projet de paix des Etats-Unis pour le Moyen-Orient.
Les Palestiniens, qui jugent l'administration Trump trop pro-israélienne, disent ne pas avoir été conviés à ces discussions et ont menacé de se retirer des accords d'Oslo si le président américain annonce son plan.
Washington espère que Ryad pourra accroître la pression sur l'Autorité palestinienne pour qu'elle accepte le plan, dont le volet économique, qui prévoit 50 milliards de dollars d'investissements internationaux sur dix ans dans la région, a été présenté en juin.
Selon Guzansky, le moment choisi pour autoriser officiellement les visites en Arabie saoudite n'est pas "anodin". Mais, prévient-il, les Saoudiens, très prudents au sujet de leurs relations avec l'Etat hébreu, pourraient aussi "se vexer".
"Le fait que des Israéliens aillent (en Arabie saoudite) est une chose. Mais une fois que c'est officiel, cela peut embarrasser (les autorités saoudiennes)", notamment vis-à-vis des cercles les plus conservateurs du royaume et de ses adversaires régionaux comme l'Iran ou le Qatar, analyse-t-il.