Geert Wilders, qui est au parlement depuis près de vingt ans, est depuis longtemps une épine dans le pied de ce qu'il appelle "l'élite" politique.
Son Parti pour la liberté (PVV) pourrait devenir après les élections législatives de mercredi la plus grande formation politique du pays. Et même à la deuxième place, ce serait là son plus grand succès depuis sa création en 2006.
La majorité des autres partis ayant juré de ne pas collaborer avec lui, il ne figurera probablement pas au gouvernement. Mais il sera une voix importante de l'opposition, en bonne place pour pousser ses chevaux de bataille en haut de l'agenda politique.
A 53 ans, l'élu peroxydé se considère en croisade contre "l'islamisation" de son pays et compare le Coran à "Mein Kampf" d'Adolf Hitler.
"Je ne dis pas que tous les musulmans sont mauvais ou sont des terroristes, cela serait ridicule", a-t-il affirmé récemment à l'AFP. "Mais je crois que dans tous les pays où l'islam est la religion dominante, on peut observer un manque de liberté, de démocratie, d'Etat de droit..."
Dans le programme de son parti, qui tient sur une page A4, il promet d'interdire l'accès de son pays aux immigrés musulmans et de fermer les mosquées.
Ses propos virulents lui ont façonné une renommée internationale, jusqu'aux listes noires d'Al-Qaïda. Il vit sous protection policière permanente.
Adoré et détesté, il divise un pays qui se targue d'une longue tradition de tolérance multiculturelle. Né en 1963 à Venlo, dans le sud-est des Pays-Bas, il grandit dans une famille catholique, entouré d'un frère et deux sœurs.
C'est dans les années 1980 qu'il commence à s'intéresser à la politique, a récemment rapporté son frère Paul au magazine allemand Der Spiegel: "il n'était pas vraiment de gauche ou de droite, ni xénophobe".
"Mais il était fasciné par le jeu politique, les luttes pour le pouvoir et l'influence", assure-t-il au sujet de son frère, passé maître dans l'art d'utiliser les médias, tout en les accusant de partialité.
Son dégoût pour l'islam semble s'être développé lentement. Il passe du temps en Israël, où il est témoin des tensions avec les Palestiniens. Il est bouleversé par l'assassinat en 2002 du populiste Pim Fortuyn, dont il est l'héritier politique direct, et deux ans plus tard, du réalisateur anti-islam Theo van Gogh.
"Je me souviens de mes jambes qui tremblaient sous le choc", rapporte-t-il dans un livre en 2012. "Je peux dire honnêtement que j'ai ressenti de la colère, pas de la peur".
Au fil des ans, son ton se durcit. Il promet de ne pas être réduit au silence, malgré une condamnation pour discrimination l'année dernière après avoir promis "moins de Marocains" aux Pays-Bas.
Ce procès a renforcé sa visibilité, quelques mois après le Brexit et alors que Donald Trump remportait la course à la présidentielle. Il était d'ailleurs invité à la Convention républicaine et les donations reçues pour sa campagne viennent principalement de l'activiste David Horowitz, dont la fondation a versé quelque 130.000 euros à Geert Wilders en 2015 et 2016.
A l'époque, les sondages le créditent de 36 sièges sur les 150 de la chambre basse du parlement néerlandais. Le fossé a depuis été comblé et le VVD du Premier ministre libéral Mark Rutte est repassé de peu en tête.
Longtemps assez proches, les deux hommes sont opposés depuis l'abandon par le PVV en 2012 du gouvernement de Mark Rutte qui, en partie pour des raisons stratégiques, a promis de ne plus jamais collaborer avec celui qui est parfois surnommé "Capitaine péroxyde".
"ZERO POUR CENT" de chance, assurait-il dans un rare tweet.
Pour certains, Geert Wilders est une figure isolée. Marié à une citoyenne hongroise, il n'a pas d'enfant. Son parti est officiellement une association avec un seul membre : lui-même. Et sa sécurité limite ses contacts avec le monde extérieur.
"Son monde est devenu très petit", assure son frère : "parlement, événements public et son appartement". "Il ne peut aller nulle part ailleurs".