Quelque 16.000 soldats philippins et américains ont entamé lundi des exercices militaires conjoints avec pour la première fois une participation française, dans un contexte d’affirmation croissante de Pékin dans la région.
Ces exercices annuels, baptisés Balikatan, ou «Épaules contre épaules» en tagalog, la langue locale, doivent se dérouler dans le nord et l’ouest de l’archipel d’Asie du Sud-Est, près des potentielles zones de tension de la mer de Chine méridionale et Taïwan. Les exercices, qui se dérouleront jusqu’au 10 mai, impliqueront environ 11.000 soldats américains et 5.000 soldats philippins, ainsi que des militaires australiens et français.
«Nous allons montrer au peuple philippin et au monde entier que nous nous sommes améliorés et que nous ne cesserons jamais de le faire», a déclaré le lieutenant-général William Jurney, commandant des forces du Corps des marines des États-Unis dans le Pacifique, lors de la cérémonie d’ouverture à Manille. «Lorsque nous nous améliorons, les Philippines deviennent plus fortes, plus sûres et plus sécurisées», a-t-il poursuivi.
En réponse à l’influence croissante de la Chine, les États-Unis ont renforcé leurs alliances avec des pays de la région Asie-Pacifique, dont les Philippines. Bien que les Philippines ne disposent pas d’une grande armée, la proximité de l’archipel avec la mer de Chine méridionale et Taïwan en ferait un partenaire-clé pour les États-Unis en cas de conflit avec la Chine.
La France, qui avait participé précédemment à ces exercices annuels en tant que pays observateur, y prendra part pour la première fois activement. Elle déploiera la frégate Vendémiaire, basée en Nouvelle-Calédonie, mais celle-ci devrait quitter les exercices avant qu’ils n’atteignent une «phase de haute intensité», selon un communiqué de l’ambassade de France aux Philippines. Quatorze pays d’Asie et d’Europe se joindront à l’exercice en tant qu’observateurs.
Simulation de reprise d’une île
Pour la première fois, les exercices se dérouleront au-delà des eaux territoriales des Philippines, qui s’étendent à environ 22 kilomètres de la côte, a précisé le colonel philippin Michael Logico avant les exercices. Autre première, les garde-côtes philippins se joindront cette année aux exercices, après plusieurs confrontations ces derniers mois entre leurs navires et les garde-côtes chinois, qui font des patrouilles au large des côtes philippines.
Les exercices conjoints prévoient notamment une simulation de reprise d’une île par la force dans la province de Palawan, proche des îles Spratleys, que se disputent Pékin et Manille. Le même exercice aura lieu dans les provinces septentrionales de Cagayan et Batanes, toutes deux situées à moins de 300 kilomètres de Taïwan.
Comme l’année dernière, un navire sera coulé au large de la province septentrionale d’Ilocos Norte. D’autres entraînements porteront sur la guerre informationnelle, la sécurité maritime et la défense aérienne et antimissile intégrée.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé les États-Unis d’«attiser la confrontation militaire» et a demandé aux Philippines de «cesser de s’engager sur la mauvaise voie». La Chine revendique la souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, axe essentiel pour le commerce international, et considère également Taïwan comme faisant partie de son territoire.