Plusieurs membres de l’Opep+, dont l’Arabie saoudite et la Russie, ont annoncé dimanche une extension de leurs coupes de production de pétrole jusqu’à fin décembre 2024. Les huit pays «sont convenus de prolonger d’un mois leurs réductions volontaires supplémentaires de production de 2,2 millions de barils par jour», a indiqué l’alliance dans un communiqué. Outre Ryad et Moscou, sont concernés l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman.
Cette décision vise à soutenir les cours face à une demande incertaine et une offre qui accélère, le WTI américain et le Brent se situant autour de 70 dollars face à une demande incertaine, loin du seuil de 80 euros visé.
«C’est la conséquence logique de la pression persistante à la baisse sur les cours en raison des perspectives moroses de la demande en Chine et dans le monde», a commenté pour l’AFP Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.
L’impact de l’annonce de l’Opep+ devrait cependant être limité, estime-t-elle, alors que «la stratégie de restrictions» du groupe peine à porter ses fruits. Car ses 22 membres, ébranlés par la concurrence américaine, contrôlent désormais à peine la moitié de la production mondiale de brut.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menée par l’Arabie saoudite, et leurs alliés conduits par Moscou, ont noué en 2016 un accord appelé Opep+ pour mieux peser sur le marché. Cette alliance garde actuellement sous terre près de six millions de barils à travers trois mécanismes différents, à la fois à l’échelle du groupe et sous la forme de coupes volontaires. L’ensemble des ministres doit se réunir début décembre à Vienne, siège de l’Opep.
«Guerre commerciale»
Début juin, lors de la dernière rencontre, ils avaient annoncé leur volonté d’augmenter leur production dès le mois d’octobre. Avec l’annonce de dimanche, la réouverture des robinets d’or noir interviendra donc avec trois mois de retard sur le calendrier prévu. L’alliance avait cependant pris soin de se ménager une porte de sortie, insistant à plusieurs reprises sur le fait que cette décision pouvait être revue à tout moment.
L’Opep+ a choisi de temporiser dans l’attente des résultats des élections américaines «qui auront un impact significatif sur le marché», estime Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy. «Je ne sais pas si le groupe a une préférence entre Donald Trump et Kamala Harris» mais la victoire du républicain déboucherait «probablement» sur une «guerre commerciale» qui «pèserait sur la demande, de quoi plomber la croissance économique et donc les cours du pétrole».