L'audience très attendue a débuté par une déclaration de Geert Wilders, député néerlandais d'extrême droite, lue par son avocat Geert-Jan Knoops. Il y explique pourquoi il a choisi de ne pas comparaître devant le tribunal.
"C'est un procès politique et j'ai décidé de ne pas être présent. C'est mon droit en tant que politicien de m'exprimer s'il y a un problème aux Pays-Bas", a déclaré l'élu d'extrême droite, connu pour ses propos anti-islam, selon le communiqué lu par Me Geert-Jan Knoops.
"C'est une question qui devrait être portée devant le Parlement, et non devant un tribunal de justice", a ajouté le député qui divise dans un pays se targuant pourtant de tolérance multiculturelle.
Le député de 53 ans avait dénoncé vendredi dernier une "parodie de justice" destinée à le réduire au silence à l'approche des élections prévues en mars prochain alors que, selon les sondages, son parti pour la Liberté (PVV) est au coude-à-coude avec les libéraux (VVD) du Premier ministre Mark Rutte.
Le procès, qui devrait se tenir jusqu'au 25 novembre prochain, porte sur des propos tenus lors d'une soirée après les élections municipales de mars 2014, à La Haye. L'homme à la chevelure peroxydée avait alors demandé à ses militants s'ils voulaient "plus ou moins de Marocains dans (leur) ville et aux Pays-Bas".
Face à une foule scandant "Moins! Moins! Moins!", il a répondu dans un sourire: "Nous allons nous en charger."
Lundi 31 octobre, alors qu'a été diffusée à l'audience la vidéo des propos tenus ce soir-là par l'élu, le président Hendrik Steenhuis a déclaré: "Nous devons déterminer si Geert Wilders est coupable d'avoir insulté les Marocains et incité à des discours haineux à leur encontre."
Ses propos de 2014 avaient provoqué le dépôt de plus de 6.400 plaintes par des citoyens et organisations.
Sous haute sécuritéSabina van der Kallen, représentante du ministère public a annoncé aux juges, qu'elle ne leur demanderait pas de forcer Geert Wilders à se présenter au tribunal de Schiphol, près d'Amsterdam, lieu hautement sécurisé choisi pour le politicien le mieux protégé des Pays-Bas, depuis l'assassinat en 2004, du réalisateur controversé et virulent critique de l'islam, Théo van Gogh.
Une poignée de sympathisants s'étaient rassemblés munis de banderoles scandant "moins de chevaliers de la moralité, plus de patriotes".
"C'est dommage qu'il soit poursuivi pour avoir dit ce qu'il pensait", a déclaré à l'AFP un manifestant sous couvert d'anonymat.
Il s'agit d'un second procès de ce type pour Geert Wilders. En 2011, il avait été relaxé après avoir comparu à l'ensemble des audiences.
Lors d'audiences préliminaires, il avait répété n'avoir "aucun regret" après avoir dit ce que "des millions de citoyens néerlandais pensent".
"Si parler de ceci est punissable, les Pays-Bas ne sont plus une démocratie libre mais une dictature", avait-il encore déclaré vendredi.
Toutefois, pour les juges, les hommes politiques "ont un rôle important à jouer pour éviter de nourrir l'intolérance en faisant ce genre de déclarations publiques", avaient-ils souligné à la mi-octobre.
S'il est jugé coupable, Geert Wilders pourrait écoper d'une peine maximale de deux ans de prison ou d'une amende de plus de 20.000 euros. Mais selon les experts, une amende plus légère ou une peine de travail d'intérêt général seraient plus probables en cas d'éventuelle première condamnation.
Des experts ont été appelés à témoigner cette semaine devant le tribunal. Plusieurs devraient soutenir les arguments du politicien controversé. Parmi eux, le philosophe Paul Cliteur, qui compare les procédures aux poursuites contre l'actrice Brigitte Bardot et l'écrivain Michel Houellebecq pour des propos hostiles envers l'islam et la communauté musulmane.