Panique des marchés après la victoire annoncée de Trump

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Avec un sentiment de déjà vu cinq mois après le Brexit, les places financières s'affolaient mercredi par crainte d'une victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, tandis que le dollar chutait et le peso mexicain tombait à son plus bas niveau historique.

Le 09/11/2016 à 07h41

"C'est une hécatombe sur les marchés alors que Trump se rapproche de la Maison Blanche", a résumé dans une note Craig Erlam, analyste chez Oanda.

"On s'aventure complètement dans l'inconnu parce qu'on ne sait simplement pas quel type de président il serait. Sera-t-il le populiste de la campagne électorale, qui a menacé de faire taire ses opposants, de censurer les médias, de construire un mur à la frontière et de lancer une guerre commerciale internationale? Ou peut-il se muer en homme d'Etat capable de gouverner de manière plus mesurée?", s'interroge Paul Ashworth, de Capital Economics. Sur les marchés, la nervosité a rapidement cédé la place à la panique.

Les Bourses européennes étaient parties pour chuter de près de 4%, selon des indications préliminaires.A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei, pourtant confiant en début de matinée, a chuté de 5,36% à la clôture, incitant le ministère des Finances et la Banque du Japon (BoJ) à convoquer une réunion d'urgence.

Sydney a fini en recul de près de 2%, Hong Kong lâchait plus de 3%, Sydney 2% et Bombay jusqu'à 6%, affecté en outre par une annonce choc du gouvernement indien pour lutter contre l'argent noir.

Aux Etats-Unis, les contrats à terme sur les deux principaux indices du marché - qui donnent une indication de l'ouverture à venir - décrochaient aussi, de 5%, tandis qu'à Londres ils perdaient 4,44%.

"Pour la seconde fois cette année, il semble que les marchés aient livré de mauvais pronostics. En juin, ils avaient tablé sur un maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne, cette fois ils pariaient sur une issue favorable avec la victoire de Clinton, et ils ont peut-être eu tort", a souligné M. Erlam.

Même fébrilité du côté des devises: le dollar fléchissait à 101,20 yens vers 05H00 GMT, contre 105,47 yens quelques heures plus tôt. Idem face à l'euro qui grimpait à 1,1300 dollar, contre 1,0990 dollar auparavant.

Mais c'est la monnaie mexicaine, baromètre de l'opinion des marchés ces dernières semaines sur l'issue du scrutin américain, qui a dévissé le plus, tombant en fin de matinée à Tokyo à 20,7818 pesos pour un dollar, son plus bas niveau historique, contre 18,1634 pesos un peu plus tôt, soit une amplitude de 14%.

Le Mexique redoute un succès de Donald Trump, du fait des menaces du milliardaire de renégocier les accords de libre-échange, d'expulser des Etats-Unis des millions de migrants illégaux et de faire payer le voisin du sud pour la construction d'un mur sur leur frontière commune.

"L'élection est cruciale non seulement pour le peso mexicain, mais pour le Mexique", a commenté pour l'agence Bloomberg News Juan Carlos Rodado, spécialiste de l'Amérique latine chez Natixis à New York. "Ce scrutin pourrait déterminer l'avenir des échanges entre les deux pays et remettre en question 20 ans d'intégration économique".

Dans ce contexte, l'or, valeur refuge, s'est nettement apprécié, à 1.337,38 dollars l'once, contre 1.268,30 dollars en début de matinée. Les investisseurs se précipitaient aussi sur les obligations d'Etat jugées sûres: l'afflux de demande provoquait une baisse du rendement des bons du Trésor américain à 10 ans, alors que celui des obligations japonaises glissait en terrain négatif. Les investisseurs trouvaient également refuge mercredi matin sur le marché de la dette souveraine, plébiscitant la dette allemande.

Autre victime de Trump, les cours du pétrole fléchissaient bien que modestement. "Ils s'effondreront s'il est élu", a prédit Hong Sung Ki, expert de Samsung Futures basé à Séoul. Le cas échéant, "l'impact sera plus fort que le Brexit. Les actifs à risques, comme le pétrole, plongeront".Après le choc initial, "on peut s'attendre à une accalmie sur les marchés, en écho à ce qui s'est passé après le vote du Brexit", pronostique cependant Capital Economics. "Mais Trump étant imprévisible, un risque d'explosion pourra surgir à tout moment dans les mois et années à venir".

Le 09/11/2016 à 07h41