Exposé au public vendredi pour la première fois, au Musée national d’histoire naturelle de la prestigieuse institution Smithsonian, et issu du plus gros échantillon d’astéroïde jamais collecté, le petit fragment de la taille d’un gravillon est tout juste visible dans sa petite capsule.
Les visiteurs ne manquent pas de brandir leur téléphone pour un selfie à côté du petit caillou noir, ou de prendre une photo pour la famille, comme Jenn Mann, venue de la Virginie voisine pour emmener son petit-fils voir «enfin» un bout d’astéroïde sur Terre.
«Je craignais que ce ne soit qu’un grain de poussière, mais c’est en fait beaucoup plus grand que je ne le pensais», s’amuse cette informaticienne de 64 ans.
«J’avais dix ans lorsque l’Homme a marché pour la première fois sur la Lune et je pense que tous les gens de ma génération sont très attachés à tout cela», confie-t-elle, avant de prendre une photo pour sa fille. «Vous n’imaginez pas toute l’excitation qu’il y avait à l’époque.»
L’échantillon s’inscrit dans le cadre d’une mission de la Nasa destinée à déterminer si les astéroïdes ont effectivement apporté sur Terre les éléments ayant permis la naissance de la vie, comme le carbone et l’eau.
«Beaucoup de travail»
Cette mission, baptisée Osiris-Rex, avait prélevé cet échantillon en 2020 sur Bennu, un astéroïde de 500 mètres de diamètre situé alors à plus de 300 millions de kilomètres de la Terre.
La capsule contenant la précieuse cargaison est revenue avec succès sur Terre en septembre, en atterrissant dans le désert américain. Depuis, les analyses se poursuivent au centre spatial Johnson de la Nasa à Houston.
Si elle a travaillé avec l’équipe scientifique sur ce projet, Nayi Castro, comme les autres visiteurs, voit un fragment de l’échantillon de ses propres yeux pour la première fois. «C’est indescriptible», dit-elle, portant fièrement le logo de la Nasa inscrit sur son tee-shirt.
«C’est génial de voir cet échantillon, parce qu’il a fallu beaucoup de travail pour le rapporter», se félicite, toujours souriante, la jeune femme de 36 ans, responsable des opérations de la mission. «J’ai hâte d’emmener ma famille et mes amis le voir.»
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Pour l’occasion, le patron de la Nasa lui-même est également présent. «Nous savons désormais que cet astéroïde contient des cristaux d’eau et du carbone, deux des éléments à l’origine de la vie», se réjouit Bill Nelson, juste avant la levée de rideau.
Cette nouvelle aventure spatiale «fait partie de notre quête pour comprendre, pour essayer de comprendre, qui nous sommes, ce que nous sommes, où nous sommes, dans l’immensité de ce cosmos», ajoute-t-il d’un ton solennel, devant des journalistes et passionnés d’espace, impatients de sortir leur appareil pour arracher une image de l’échantillon.
«Rêve devenu réalité»
Cette fascination des visiteurs comme des spécialistes est bien normale pour Tim McCoy, conservateur au Musée national d’histoire naturelle du Smithsonian, qualifiant cette découverte de «tournant».
Pour lui, «c’est le début» d’un long processus destiné à «essayer de comprendre notre planète unique».
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«Notre planète présente des caractéristiques que nous n’avons trouvées sur aucune autre planète du système solaire ou ailleurs : des continents, des océans, de la vie», s’enthousiasme-t-il devant les journalistes.
«C’est quelque chose dont j’ai rêvé pendant 20 ans et qui devient réalité aujourd’hui, mais ce n’est qu’une première étape», confie-t-il d’un air ému.
L’opération d’ouverture de la capsule n’est en effet pas terminée. A cause de l’abondance de matière retrouvée à l’extérieur même du mécanisme de collecte, l’échantillon principal n’a pas encore été ouvert.
La matière déjà récupérée a été confiée à une équipe d’analyse rapide, afin d’obtenir une première idée de la composition de Bennu.