«Je ne sais pas s'ils y sont prêts», a dit lundi le président des Etats-Unis en réponse à une question sur une éventuelle rencontre avec son homologue iranien Hassan Rohani. «J'imagine qu'ils voudront me rencontrer, je suis prêt à les rencontrer quand ils veulent», a-t-il ajouté devant la presse.
Selon lui, c'est «bon pour eux, bon pour nous, bon pour le monde entier», surtout «si nous pouvons trouver une solution sérieuse, pas un gâchis de papier comme l'autre accord».
Donald Trump a annoncé en mai le retrait des Etats-Unis de l'accord international censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, qu'il juge trop laxiste. Il a rétabli toutes les sanctions levées après sa signature en 2015, avec un sévère contrecoup pour de nombreuses entreprises européennes, sommées de quitter l'Iran sous peine d'être frappées par des mesures punitives américaines.
Washington a dressé une liste de douze conditions draconiennes pour un nouvel accord avec l'Iran.
Donald Trump a en revanche assuré ne pas poser de conditions à une rencontre qui serait la première entre des présidents américain et iranien depuis la révolution islamique de 1979, il y a près de 40 ans. Mais son secrétaire d'Etat Mike Pompeo a ensuite précisé sur la chaîne CNBC qu'une réunion au sommet pourrait avoir lieu "si les Iraniens démontrent qu'ils sont prêts à des changements fondamentaux dans leur manière de traiter leur peuple, modifient leur comportement malveillant" au Moyen-Orient et se montrent ouverts à un accord sur le nucléaire «qui empêche vraiment la prolifération».
L'ouverture américaine intervient en tout cas alors que le ton était monté ces derniers jours.
Le président Rohani a d'abord prévenu qu'un conflit avec l'Iran serait la «mère de toutes les guerres».
«NE MENACEZ PLUS JAMAIS LES ÉTATS-UNIS OU VOUS ALLEZ SUBIR DES CONSÉQUENCES TELLES QUE PEU AU COURS DE L'HISTOIRE EN ONT CONNUES AUPARAVANT», lui a directement répondu Donald Trump dans un tweet en majuscules. «SOYEZ PRUDENT!», a ensuite rétorqué, sur le même mode, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
Le registre de l'avertissement américain rappelle celui employé, il y a un an, contre les ambitions nucléaires de la Corée du Nord, à laquelle Donald Trump promettait "le feu et la colère" et une «destruction totale» en cas d'agression. En parallèle de la campagne de «pression maximale», mélange d'isolement diplomatique et de sanctions draconiennes, mise en place par Washington, les échanges d'invectives avec Kim Jong Un étaient allés crescendo pendant que Pyongyang multipliait les essais balistiques et nucléaires.
Jusqu'au spectactulaire rapprochement de 2018 et au sommet du 12 juin à Singapour, à l'issue duquel le président américain n'a pas tari d'éloges à l'égard du dirigeant nord-coréen.
Pense-t-il pouvoir reproduire le même scénario avec la République islamique ? Téhéran a en tout cas remplacé Pyongyang comme ennemi numéro un de Washington, et la «pression maximale», qui a disparu du lexique de Donald Trump au sujet de la Corée du Nord, est désormais évoquée pour faire plier l'Iran.
Mais pour l'instant, le reste de la communauté internationale, qui avait suivi les Etats-Unis en imposant de lourdes sanctions contre le régime nord-coréen l'an dernier, refuse d'en faire autant face aux autorités iraniennes. Les alliés européens, en particulier, tentent envers et contre tout de sauver l'accord sur le nucléaire iranien.
Dans ce contexte, Donald Trump va-t-il finalement rencontrer Hassan Rohani, qui avait déjà eu un entretien téléphonique avec Barack Obama en 2013 ? Une occasion pourrait se présenter lors de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, fin septembre à New York.
Reste à savoir si le président iranien est demandeur. Selon son entourage, le président américain avait demandé à huit reprises une telle réunion en marge du rendez-vous de l'ONU l'an dernier. En vain.