La publication des photos du corps sur une plage turque d'un petit garçon mort noyé après le naufrage de deux embarcations de réfugiés syriens, tentant de rallier la Grèce, suscitait des réactions d'horreur ce jeudi dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Les deux bateaux étaient partis dans la nuit de la ville côtière turque de Bodrum à destination de l'île grecque de Kos lorsqu'ils ont chaviré, ont indiqué les garde-côtes turcs dans un communiqué publié hier sur leur site internet. Rapidement prévenus par les cris des naufragés, les sauveteurs ont repêché douze corps sans vie dont celui d'un garçon âgé de quelques années, dont les photos ont envahi les réseaux sociaux sous le mot-dièse #KiyiyaVuranInsanlik ("L'humanité échouée" en turc). L'une d'entre elles montre le corps de l'enfant, tee-shirt rouge et short bleu, face contre terre, sur une des plages de la station balnéaire de Bodrum. L'autre, un gendarme turc en uniforme le portant devant la mer.
De nombreux internautes ont confié leur émotion sur Twitter. "Où va ce monde ?", a commenté l'un d'eux, identifié sous le nom de Taner Poyraz. "Plus jamais ça", a renchéri un autre, Sadullah Turgut. Les images étaient aussi largement commentées dans la presse européenne. Selon le quotidien britannique The Guardian, elles résument "toute l'horreur du drame humain qui se déroule sur les côtes européennes".
"David, fais quelque chose"
"Si ces images extraordinairement fortes d'un enfant syrien rejeté sur une plage ne modifient par l'attitude de l'Europe vis-à-vis des réfugiés, qu'est-ce qui le fera ?", interroge de son côté The Independent, tandis qu'un lien pointant vers l'article du journal a été retweeté par la romancière britannique J.K. Rowling. "David, fais quelque chose!", demandait la version britannique du Huffington Post dans un message adressé au Premier ministre David Cameron, qui a estimé ce mercredi que la solution résidait dans l'aide aux pays d'origine de ces réfugiés à retrouver "la paix et la stabilité" et non dans l'accueil de davantage de réfugiés.
En Italie, le quotidien italien La Repubblica a tweeté "La photo qui fait taire le monde" et en Espagne, le journal El Pais en faisait le "symbole du drame migratoire". Pour El Mundo, la photo de "l'enfant de la plage" fait "désormais partie de l'album migratoire de l'infamie", tandis qu'El Periodico reproduisait aussi l'image en Une avec le titre "Naufrage de l'Europe".
Depuis plusieurs mois, un nombre croissant de migrants, pour l'essentiel des Syriens, des Afghans et des Africains, tentent de traverser dans des conditions périlleuses la mer Egée pour rejoindre les îles grecques, portes d'entrées de l'Union européenne (UE). Pour aller de Bodrum à l'île de Kos, l'un des plus courts passages maritimes entre la Turquie et l'Europe, les candidats à l'exil payent plus de 1.000 dollars (10.000 DH environ).
Les autorités turques affirment avoir porté secours à plus de 42. 000 migrants au large des côtes de la Turquie depuis le début de l'année 2015. Ce pays accueille à lui seul près de deux millions de Syriens ayant fui la guerre civile qui fait rage depuis plus de quatre ans chez eux.