Les Philippines ont accusé ce mardi les garde-côtes chinois d’avoir tiré au canon à eau sur deux de leurs navires et de bloquer l’accès à un récif disputé en mer de Chine méridionale. «Les garde-côtes chinois ont à nouveau installé une barrière flottante de 380 mètres qui couvre toute l’entrée du haut-fond, restreignant ainsi l’accès à la zone» du récif de Scarborough, indique un communiqué des garde-côtes philippins.
Un dispositif flottant similaire avait été installé par la Chine au même endroit en septembre 2023, avant d’être démantelé par les garde-côtes philippins quelques jours plus tard.
C’est près de ce récif en forme d’atoll, dont la Chine a pris le contrôle en 2012, qu’a eu lieu l’accrochage entre les garde-côtes chinois et les navires philippins -l’un des garde-côtes et l’autre du bureau des pêches- venus ravitailler en carburant et en nourriture des pêcheurs travaillant dans le secteur.
«Harcèlement et provocations»
«Malgré le harcèlement et les provocations des garde-côtes chinois, les navires (...) ont tenu bon et ont poursuivi leur patrouille maritime», précise le communiqué philippin.
Le bateau des garde-côtes a été ciblé sur les deux côtés par les jets d’eau, qui ont endommagé sa rambarde et sa verrière. Ces dégâts «sont la preuve de la forte pression de l’eau utilisée par les garde-côtes chinois dans leur harcèlement des navires philippins», affirme le communiqué.
De son côté, la Chine a affirmé avoir « repoussé » des bateaux philippins. «Le 30 avril, les garde-côtes chinois ont, conformément à la loi, repoussé le navire des garde- côtes philippins 4410 et le navire du gouvernement 3004 des Philippines, qui s’étaient introduits dans les eaux adjacentes à l’île de Huangyan», ont-ils indiqué dans un communiqué, utilisant le nom chinois pour le récif de Scarborough.
La Chine revendique la souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale -un important carrefour de routes maritimes commerciales-, au grand dam de plusieurs pays riverains. Le récif de Scarborough se trouve à 240 kilomètres à l’ouest de l’île principale des Philippines, Luzon, et à près de 900 kilomètres de l’île chinoise de Haïnan, au sud de la Chine continentale.
En 2013, les Philippines avaient engagé une procédure d’arbitrage international contre la Chine. La Cour permanente d’arbitrage de La Haye a tranché en faveur de Manille en 2016, jugeant qu’il n’y avait «aucun fondement juridique pour que la Chine revendique des droits historiques» sur l’essentiel de cette mer et ses ressources. Pékin a refusé de prendre part à la procédure et a ignoré le jugement.
Ces derniers mois, les tensions entre la Chine et les Philippines ont atteint des niveaux inégalés depuis des années, et les incidents se multiplient. En mars, deux collisions entre des navires chinois et philippins ont ainsi eu lieu près de l’atoll Second Thomas, nommé Ren’ai par la Chine.