Cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani a recouru à Twitter pour minimiser les "victoires imaginaires" des adversaires du Qatar. "Un an après, le Qatar et son peuple sont plus forts", a écrit cheikh Mohammed, l'un des principaux acteurs de la pire crise jamais vécue par des monarchies arabes du Golfe. "On parle beaucoup de victoires imaginaires et d'isolement du Qatar mais, au bout d'un an, la réalité a prouvé le contraire, puisque le Qatar est devenu un partenaire international de poids", a-t-il ajouté.
Le 5 juin 2017, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn --trois monarchies pétrolières arabes du Golfe voisines du Qatar-- mais aussi l'Egypte ont brusquement rompu tous leurs liens avec Doha. Ils l'accusent de "financer le terrorisme" et lui reprochent de se rapprocher de l'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite, chef de file des monarchies du Golfe.
Le Qatar s'est retrouvé, du jour au lendemain, soumis à un blocus avec une frontière terrestre fermée par l'Arabie saoudite, sa compagnie aérienne empêchée d'utiliser l'espace aérien de ses voisins et ses citoyens expulsés des quatre pays adverses. Tout espoir d'une sortie rapide de crise s'est estompé avec le temps. Le Qatar a dénoncé des atteintes à sa souveraineté, affirmant être sanctionné en raison de sa politique étrangère indépendante. Les efforts diplomatiques menés par le Koweït et les Etats-Unis n'ont pas abouti à ce jour.
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La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Louloua al-Khater a indiqué mardi à l'agence officielle QNA que le Koweït poursuivait sa médiation et que des négociations pourraient avoir lieu en septembre. "Mais cela dépendra des pays du blocus", a-t-elle toutefois dit.
Le chef de la diplomatie du Qatar soutient que Doha est "ouvert au dialogue", mais il a en même temps déclaré à la chaîne de télévision Al-Jazeera que son pays continuait de négocier l'achat du système russe de missiles de défense antiaérienne S-400. Selon le quotidien français Le Monde, les dirigeants saoudiens ont demandé au président Emmanuel Macron d'intervenir pour empêcher cette transaction et menacé, dans le cas contraire, d'entreprendre une action militaire contre le Qatar.
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Malgré l'impact de la crise que le riche émirat gazier a su atténuer en puisant dans ses réserves financières, beaucoup au Qatar considèrent que les évènements de l'année écoulée constituent une victoire pour Doha. Les journaux officiels du Qatar ont marqué l'anniversaire de la crise sur un ton jubilatoire avec des titres comme "le Qatar triomphant restera uni" ou "le Qatar brille avec l'échec de la campagne dirigée contre lui". Les compagnies de taxi ont offert des courses gratuites aux clients et certains au Qatar ont même demandé que le 5 juin soit déclaré jour de fête nationale et jour férié.
Le Comité national des droits de l'Homme du Qatar (NHRC - formé par les autorités) a publié la veille un rapport affirmant que les adversaires du Qatar avaient commis en un an plus de 4.000 violations des droits de l'Homme. Selon ce rapport, les Qataris ont été victimes dans ces pays d'arrestations arbitraires, de disparitions forcées et d'entraves à leurs mouvements. "Depuis le début, tous les pays du blocus ont essayé d'instrumentaliser la population pour atteindre leurs objectifs politiques", a déclaré le président de la NHRC, Ali ben Smaikh Al-Marri.
Mardi, le gouvernement saoudien a indiqué que les Qataris désireux d'entreprendre l'Omra (petit pèlerinage à La Mecque) étaient les bienvenus, mais a accusé Doha d'avoir une "attitude négative" et d'empêcher ses citoyens de le faire. Depuis le début de la crise, le Qatar accuse l'Arabie saoudite de politiser le pèlerinage à La Mecque, y compris le hajj annuel, l'un des cinq piliers de l'islam, que tout musulman pouvant se le permettre doit effectuer au moins une fois dans sa vie.