Fahmi Reza est poursuivi pour avoir enfreint une loi qui interdit la diffusion en ligne de contenu visant à "ennuyer, menacer ou harceler" autrui. Il encourt jusqu'à un an de prison et une amende de 50.000 ringgit (10.750 euros), a précisé son avocat, Syahredzan Johan.
"Il s'agit essentiellement de criminaliser la liberté d'expression", a-t-il estimé.
Les caricatures de Fahmi et les nombreuses copies s'inspirant de ces dessins ont été partagées de multiples fois sur les réseaux sociaux tel Facebook, plus tôt dans l'année. Des posters et autocollants apparus en public avaient rapidement été retirés sur instruction des autorités.
L'artiste âgé de 38 ans fait aussi l'objet d'une enquête pour sédition (soulèvement concerté contre l'autorité établie), selon son avocat.
Dans un message publié lundi sur son compte Facebook, Fahmi a promis de défendre son droit de "critiquer les dirigeants corrompus en utilisant l'art comme une arme".
Le Premier ministre malaisien fait l'objet d'accusations de corruption récurrentes liées à l'énorme scandale financier touchant le fonds souverain 1MDB créé par lui à son arrivée au pouvoir en 2009, aujourd'hui endetté à hauteur de 10 milliards d'euros.
Depuis, le gouvernement Najib a réagi face au scandale en emprisonnant des lanceurs d'alerte, en interdisant des médias et des sites internet qui mentionnaient l'affaire, et en menaçant de poursuites toute personne prête à faire des révélations.
Fahmi Reza, perçu comme un artiste d'avant-garde dans ce pays d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane, se dit très influencé dans son travail par l'Atelier populaire de l'ex-école des Beaux-Arts de Paris, d'où sont sorties en mai 1968 de nombreuses affiches illustrées accompagnées de slogans de soutien des étudiants à la classe ouvrière, lors d'un des plus importants mouvements de révolte étudiante et sociale en France.