Ce massacre connu sous le nom de "Speicher", du nom de la base où les recrues avaient été kidnappées, aurait fait jusqu'à 1.700 morts et serait l'un des pires commis par le groupe jihadiste sunnite EI en Irak. "L'exécution de 36 condamnés pour les crimes de 'Speicher' a eu lieu ce matin à la prison de Nassiriyah", chef-lieu de la province de Zi Qar dans le sud du pays, a déclaré à l'AFP un porte-parole du gouvernorat, Abdelhassan Daoud.
"Le gouverneur de la province de Zi Qar, Yahya al-Nasseri, et le ministre de la Justice Haidar al-Zamili, étaient présents pour surveiller les exécutions", a poursuivi le porte-parole. Le gouverneur de la province a confirmé à l'AFP que l'exécution s'était faite par pendaison. "Des dizaines de membres des familles (des victimes) ont assisté à l'exécution. (...). Elles étaient contentes de voir ces gens mourir", a ajouté le porte-parole.
Parmi les proches présents, Najla Shaab, une femme de 30 ans contrainte d'élever seule ses enfants après la mort de son mari dans le massacre. "Dieu merci, c'est une punition juste pour le pire des crimes, un triple crime qui a consisté à tuer les gens, jeter des corps dans la rivière et enterrer certains vivants", a-t-elle confié à l'AFP par téléphone.
Environ 400 des personnes tuées à la base de Speicher étaient originaires de la province à majorité chiite de Zi Qar, selon le porte-parole du gouverneur. L'EI considère les chiites comme des hérétiques.
Les condamnés avaient été transférés la semaine dernière à Nassiriyah après que le président irakien Fouad Massoum aapprouvé leur mise à mort. Le massacre avait été commis aux premiers jours de l'offensive fulgurante de l'EI en Irak en juin 2014 qui lui avait permis de prendre, notamment, Mossoul, la deuxième ville du pays devenue depuis son fief. Les jihadistes avaient exécuté les recrues une à une, selon des images de propagande diffusées par l'EI. Certains corps avaient été jetés dans le fleuve Tigre qui traverse Tikrit, tandis que d'autres étaient enterrés dans des fosses communes. De nombreux volontaires chiites s'étaient enrôlés dans des milices combattant les jihadistes après cette tuerie.
En juillet 2015, un tribunal avait condamné à la peine de mort 24 personnes pour le massacre de Speicher. A l'époque, l'ONG Human Rights Watch avait dénoncé le manque de transparence des procédures. En février 2016, un tribunal irakien avait prononcé 40 autres condamnations à mort dans cette affaire. Le Premier ministre Haider al-Abadi a déclaré vouloir accélérer l'exécution des personnes condamnées à mort pour terrorisme après l'attentat à la bombe qui a tué plus de 300 personnes à Bagdad le mois dernier. L'ONU a critiqué ces déclarations sur la peine de mort.
"Accélérer le rythme des exécutions ne fera qu'accélérer l'injustice", a souligné début août le Haut-commissaire de l'ONU aux Droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al-Hussein. Selon l'organisation de défense des Droits de l'Homme Amnesty international, qui critique le recours à la peine de mort, l'Irak a déjà procédé à plus de 100 exécutions depuis le début de l'année, sans compter celles de dimanche.