Le Gabon a été victime d’une interruption généralisée de l'internet et des communications téléphoniques fixe et mobile à l'international sur l'ensemble de son territoire, depuis la nuit de jeudi à vendredi jusqu'à dimanche soir. La direction de Gabon Telecom dénonce un acte de sabotage contre ses installations en précisant : "Suite à un courrier menaçant de la part du syndicat (national des télécommunication/Synatel), diffusé le 2 avril, le câble sous-marin SAT3 (fibre optique) a été saboté le 3 avril à 1h30 et un autre câble assurant la desserte du sud a également été coupé".
C’est la troisième fois que les équipements de Gabon Télécom de transmission à l'international sont pris pour cible depuis le début de l’année. Le pays avait déjà été paralysé, pour les mêmes causes, par un black-out des réseaux internet et téléphone fin février et début mars.
En toile de fond, un climat social très tendu. Ancienne société de l'Etat, Gabon Telecom a été privatisée en 2007. Suite à une offre internationale, Maroc Telecom est devenu l'actionnaire majoritaire avec une participation de 51%. Depuis sa privatisation, les effectifs de l'entreprise sont passés de presque 2.000 salariés à quelque 400 actuellement.
Le personnel de Gabon Telecom, en grève depuis près de deux mois, réclame notamment l'harmonisation de la grille salariale afin de mettre un terme à "une injustice face à la pratique consistant à privilégier une catégorie aux dépens d'une autre", et le paiement de la prime d'intéressement au résultat, selon le secrétaire général du Synatel, Martin Essono.
Les employés exigent également une prime de la mutualisation précipitée de Gabon Télécom et l'agence Libertis, deux sociétés autrefois différentes et juridiquement distinctes avant leur rachat par le groupe Maroc Télécom en 2007. Cette prime consisterait au paiement à chaque salarié d'un deuxième salaire entre 2007 et 2011. La direction générale de Gabon Telecom souligne avoir accédé à toutes les revendications du syndicat national des télécommunications (Synatel), excepté celle relative à la mutualisation "qui n'a aucun fondement", relevant que la justice s'est déjà prononcée sur le sujet.La justice gabonaise avait également publié, en février dernier, une note dans laquelle elle avait mis en garde les grévistes contre toute atteinte aux installations de l'entreprise ou entrave à ses services, tout en les menaçant de poursuites judiciaires.