Au total, cette commande, avec l'achat de 12 hélicoptères Caracal et les éléments associés, représentent un montant de plus de 17 milliards d'euros, selon l'Elysée.
"Il s'agit d'un aboutissement majeur du partenariat stratégique entre les deux pays", s'est félicitée la présidence française, en soulignant l'importance de la présence de trois bases françaises aux Emirats.
Cette vente "est un succès français", a déclaré le directeur-général de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui a signé l'accord avec Tarek Abdul Raheem Al Hosani, PDG de Tawazun Economic Council, chargé des acquisitions de sécurité et de défense.
L'accord a été signé alors qu'Emmanuel Macron et le chef de l'Etat et le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dit MBZ, s'entretenaient au pavillon d'honneur de l'Exposition universelle, au premier jour d'une tournée du président français dans trois pays du Golfe.
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Les avions seront livrés à partir de 2027 au standard F4, un programme en développement de près de deux milliards d'euros livrable en 2024 et présenté comme un "saut technologique, industriel et stratégique".
En France, la ministre des Armées Florence Parly a salué un "contrat historique", contribuant "directement à la stabilité régionale".
Les Emirats sont actuellement le cinquième client le plus important de l'industrie de défense française sur la décennie 2011-2020, avec 4,7 milliards d'euros de prises de commandes, selon le rapport au Parlement sur les exportations d'armement de la France.
Cette commande intervient dix ans après de vaines négociations soutenues par l'ancien président français Nicolas Sarkozy.
Depuis, le Rafale a réalisé une percée à l'international malgré la concurrence d'appareils américains et européens.
Ces dernières années, Paris a été critiqué parce que certaines de ces armes avaient été utilisées dans le conflit au Yémen, où l'Arabie saoudite et ses alliés sont soupçonnés de crimes de guerre par des ONG comme Amnesty International.
A Dubaï, Emmanuel Macron est accompagné d'une large délégation de ministres, dont Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Bruno Le Maire (Economie) et Florence Parly (Armées), ainsi que de dirigeants d'entreprises, comme Total, qui ont signé une série d'accords.
Le puissant fonds souverain émirati Mubadala a annoncé des engagements de huit milliards d'euros, dont six avec le ministère de l'Economie, pour accroître nettement son enveloppe d'investissements dans des entreprises françaises.
Par ailleurs, l'accord de licence du Louvre Abou Dhabi a été prolongé de dix ans, jusqu'en 2047, avec un versement de 165 millions d'euros, témoignant de la réussite du musée ouvert en 2017 aux Emirats.
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Macron est arrivé à Dubaï au lendemain des célébrations du 50e anniversaire de la création des Emirats, le 2 décembre 1971.
Durant cette tournée qui le mène au Qatar en fin de journée puis en Arabie Saoudite samedi, il entend discuter de "la lutte contre le terrorisme, l'islamisme radical et leur financement" car "coopérer avec ces Etats, en particulier contre Daech, est essentiel pour garantir la sécurité des Français et Européens", selon l'Elysée.
Sur les grands sujets régionaux -Liban, Libye, nucléaire iranien, Irak- le chef de l'Etat veut que la France joue le rôle d'un "partenaire fiable et incontournable qui dialogue avec tous les acteurs pertinents".
Il devrait plaider la cause du Liban alors que la crise économique qu'il subit est aggravée par les sanctions prises par plusieurs Etats du Golfe, dont l'Arabie saoudite, qui a stoppé ses importations en provenance de Beyrouth.
A Jeddah vendredi matin, Emmanuel Macron sera l'un des premiers dirigeants occidentaux à rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) depuis l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, qui a fortement terni l'image du fils du roi.
"Comme il le fait partout dans ses voyages, il (le président) aborde avec ses interlocuteurs la question des droits de l'Homme lorsque c'est nécessaire", a indiqué la présidence en réponse aux critiques d'ONG sur la pertinence de ce rendez-vous.
Elle affirme que la rencontre ne vise pas à "remettre en selle" MBS, mais qu'"on ne peut pas imaginer avoir une politique ambitieuse" au Moyen-Orient "sans avoir un dialogue exigeant" avec son pays, membre du G20 et principale économie de la région.
L'ONG Human Rights Watch a affirmé vendredi dans un communiqué que "les ventes d'armes et le maintien de partenariats militaires douteux au nom du contre-terrorisme et au détriment des droits de l'Homme allaient rester comme une tache sur le bilan diplomatique d'Emmanuel Macron".