"En 2020, le montant des prises de commande s'est élevé à 4,9 milliards d'euros", contre 8,3 milliards d'euros l'année précédente, selon ce document devant être officiellement publié ce mercredi. L'Arabie Saoudite (703,9 M EUR), les Etats-Unis (433,6 M EUR) et le Maroc (425,9 M EUR) figurent parmi les plus gros clients de la France l'an dernier.
"Ce résultat, en retrait par rapport aux précédentes années, s'explique en partie par les contraintes liées à la crise sanitaire mondiale qui ont repoussé à 2021 plusieurs prospects d'armement, en raison de la suspension des discussions commerciales et des décisions d'investissement associées", ainsi que par "l'absence de grands contrats supérieurs à 500 millions d'euros pour l'année 2020", souligne le ministère français des Armées dans ce rapport.
Toutefois, cette baisse "ne traduit pas une tendance de fond", assure le ministère, qui peut se targuer de récentes signatures cette année d'importants contrats de vente Rafale, à l'Egypte (30 exemplaires pour près de 4 milliards d'euros), à la Grèce (18 avions, dont 12 d'occasion) et la Croatie (12 Rafale d'occasion).
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Les exportations d'armement français avaient déjà baissé de près de 8,6% en 2019, après des années 2015, 2016 et 2018 particulièrement fastes, dopées notamment par des ventes d'avions de combat Rafale à l'Egypte, à l'Inde et au Qatar. Le montant des livraisons d'armement français a quant à lui chuté de plus de moitié en 2020 à 4,3 milliards d'euros, contre 9,9 milliards d'euros d'armements livrés en 2019.
Sur le plan des prises de commandes, la zone Europe représente pour la deuxième année consécutive "la principale destination des exportations françaises" avec 25% (15% pour les pays de l'Union européenne et 10% pour les autres pays européens), le Royaume-Uni et la Grèce figurant parmi les six premiers clients français.
Juste derrière, la zone Proche et Moyen-Orient représente 24% des commandes, contre 22% pour la zone Asie-Océanie, soit "une part légèrement supérieure à celle observée ces trois dernières années". L'Afrique comptabilise quant à elle 16 % du total des commandes. Les exportations de matériels militaires sont nécessaires à la France pour qu'elle finance son modèle d'armée et maintienne son autonomie stratégique.
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Mais la question de leur contrôle est devenue plus en plus pressante avec notamment l'intervention de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, deux clients de Paris, dans le conflit au Yémen, où certaines ONG les soupçonnent de crimes de guerre. Selon un sondage Harris Interactive réalisé mi-mai pour Amnesty International, 78% des personnes interrogées jugent qu'il y a un manque de transparence sur les exportations d'armement.
Deux députés, Jacques Maire (du parti présidentiel LREM) et Michèle Tabarot (Les Républicains, droite), ont préconisé dans un rapport publié en novembre de renforcer les pouvoirs du Parlement sur le contrôle de ces exportations. "Dans notre pays, l'exécutif est juge et partie de la qualité du processus d'examen des demandes de licences (d'exportation, NDLR), notamment quant à l'examen rigoureux du respect du droit humanitaire international", déplorent les députés.
En France, la décision d'exporter ou non est prise par le Premier ministre sur avis d'une Commission interministérielle pour l'étude des exportations des matériels de guerre (CIEEMG), selon une procédure confidentielle. La ministre des Armées Florence Parly indique dans le rapport avoir "commencé à intégrer les propositions" des députés.
Le rapport précise ainsi que Paris a refusé un total 47 licences d'exportations en 2020, en grande majorité à destination de pays d'Asie, une demande des deux députés. Ces derniers réclamaient également que le contrôle du Parlement s'exerce également sur les exportations des biens à double usage, civil et militaire, en s'intéressant à l'identité du bénéficiaire des livraisons.