Plus que quelques heures séparent Antonio Guterres, l'ex-Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés, pour son élection au poste de secrétaire général des Nations Unies.
Ce dernier, homme de terrain, a affronté ces dernières années l’une des plus graves crises humanitaires depuis la Seconde guerre mondiale.
Ce 13 octobre, il devrait être officiellement nommé par les 193 pays membres de l'ONU pour un mandat de cinq ans, après avoir reçu le 6 octobre courant la bénédiction des quinze pays du Conseil de sécurité.
L'ex-Premier ministre portugais ne prendra la succession effective du Sud-coréen Ban Ki-moon que le 1er janvier 2017.
Dans un contexte de tensions exacerbées entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine, les dossiers qui l’attendent sont très lourds : la guerre en Syrie, la crise des réfugiés...
"Les Nations Unies se dotent du meilleur barreur possible pour cette période de tempêtes: un leader capable de tracer une direction et de rassembler, un grand professionnel capable de réformer et d'innover, un humaniste doté d'une vraie boussole morale", a ainsi témoigné à son égard, François Delattre, l'ambassadeur français à l'ONU.
A 67 ans, Antonio Guterres semble plus apte que son futur prédécesseur, Ban Ki-moon a entreprendre des actions fortes face aux grands conflits du moment: Syrie, Yémen ou Soudan du Sud.
Au sujet de Ban Ki-moon, les critiques se font sous couvert d’anonymat. "Tout le monde est très poli sur Ban. Mais soyons honnêtes! Tout le monde sait qu'il n'a pas été un secrétaire général fort, ni sur le plan du leadership externe, ni pour les réformes internes", a expliqué un diplomate du Conseil de sécurité.
Concernant Antonio Guterres, "je ne dis pas qu'il aura un plan de paix pour la Syrie, mais je crois qu'il fera tout pour que le secrétaire général soit impliqué de façon centrale sur ces questions", a encore estimé ce diplomate.
Après son élection ce jeudi, Antonio Guterres prendra la parole avant d’intégrer ses quartiers avec son équipe de transition dans des bureaux temporaires situés en face du siège de l'ONU à New York (Etats-Unis).
La semaine dernière, cet homme râblé aux yeux brillants avait promis de "servir les plus vulnérables" comme "les victimes des conflits et du terrorisme".
L’homme bénéficie d’un fort soutien unanime du Conseil de sécurité après une campagne d'une transparence inédite pour le poste le plus prestigieux de la diplomatie mondiale.
Des décennies durant, la sélection à ces fonctions était le fruit de tractations à huis clos entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité: Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni.
Samantha Power, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU, a néanmoins prévenu qu'il héritait "des défis les plus complexes posés à la paix, à la sécurité, aux droits de l'Homme et au développement que le monde ait connus".
Signe des tensions actuelles entre grandes puissances, le Conseil de sécurité se déchire depuis des mois sur le conflit syrien.
Deux textes concurrents, l'un proposé par la France et l'autre par la Russie, appelant à stopper les hostilités, , ont ainsi été rejetés samedi 9 octobre.
Outre le conflit syrien et la crise des réfugiés, plusieurs missions de maintien de la paix de l'ONU sont aussi en difficulté.
En Centrafrique, notamment, où les Casques bleus ont été accusés d'agressions sexuelles sur des enfants, ou au Soudan du Sud, plongé dans un sanglant chaos.