Le régime d’Alger acculé à choisir

Mustapha Tossa.

ChroniqueAlger se trouve aujourd’hui sous une pression forte et inédite. Le régime est sommé de choisir entre deux options: épouser les contours de la nouvelle donne politique internationale sur le Sahara et inscrire son action dans sa mise en œuvre, ou bien poursuivre une politique de la terre brûlée et de la fuite en avant. Dans les deux cas, la facture politique sera inévitable.

Le 10/11/2025 à 16h14

Qu’importe les postures viriles, les coups de menton de défiance et les dénégations à outrance du régime algérien face à la récente victoire diplomatique du Maroc aux Nations Unies, la réalité des faits finit toujours par écraser l’évanescence des obsessions. Alger se trouve aujourd’hui sous une pression forte et inédite. Le régime est sommé de choisir entre deux options: épouser les contours de la nouvelle donne politique internationale sur le Sahara et inscrire son action dans sa mise en œuvre, ou bien poursuivre une politique de la terre brûlée et de la fuite en avant. Dans les deux cas, la facture politique sera inévitable.

Il est vrai que, pour un régime militaro-politique qui a mis tout son poids et ses ressources dans cette aventure séparatiste, engloutissant la richesse du peuple algérien dans cette obsession, voir la communauté internationale opposer une reconnaissance aussi claire et aussi massive de la souveraineté du Maroc sur son Sahara s’apparente à un choc thermique, de nature à paralyser ses fonctions vitales.

Alger avait fait du Polisario le cœur battant de sa stratégie, l’alpha et l’oméga de sa diplomatie, voire de l’ensemble de ses relations extérieures. Il suffisait de constater qu’au fur et à mesure que le Maroc marquait des points dans sa longue stratégie de persuasion sur la pertinence du plan d’autonomie, le régime algérien multipliait les crises politiques avec les capitales qui se ralliaient à la position marocaine.

Et malgré cette imbrication flagrante entre avancées marocaines et tensions diplomatiques algériennes, il s’est toujours trouvé, à Alger, des responsables politiques pour continuer à nier avec aplomb être partie prenante de ce conflit, et refuser avec défiance de participer aux tables rondes préconisées par l’ONU. Alger sombre ainsi dans le ridicule sur la scène internationale, en mobilisant tous ses moyens pour faire triompher l’aventure séparatiste tout en affirmant, dans le même temps, que cette crise régionale ne la concerne pas et qu’elle ne la regarde qu’à travers un statut d’observateur. Cette posture a fait long feu. Les masques sont tombés.

«Le Maroc, par la voix du roi Mohammed VI, a déjà, une nouvelle fois, tendu la main de la réconciliation, invitant le leadership algérien à venir à la table des négociations et du compromis. En face, le président Abdelmadjid Tebboune est resté muet. Seul son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, se perd dans de rocambolesques exégèses du texte de la résolution.»

—  Mustapha Tossa

Aujourd’hui, ce mensonge et cette dénégation sont exposés au grand jour. Le régime algérien ne peut plus dissimuler sa responsabilité dans l’alimentation et le maintien de cette crise. Sans l’intervention algérienne, il y a longtemps que les Sahraouis des camps de Tindouf auraient rejoint le Maroc et que cette discorde régionale aurait été close.

Personne ne se laisse plus berner par ce jeu de passe-passe. Les responsabilités d’Alger sont désormais pointées du doigt par l’ensemble de la communauté internationale. Quand l’administration américaine envisage une médiation dans la région du Maghreb pour apaiser les tensions et garantir la stabilité, elle le fait sur l’axe Rabat–Alger. D’ailleurs, un ultimatum de soixante jours a été lancé par Steve Witkoff, envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, pour parvenir à «un accord de paix» entre les deux pays. Sans doute, dans l’esprit des Américains, s’agit-il moins de mettre fin à une guerre qui n’existe pas, au sens classique, entre les deux voisins, que d’ouvrir la voie à une réconciliation permettant la reprise des relations diplomatiques et la réouverture des frontières. Pour Washington, ces deux objectifs constituent sans doute l’horizon recherché.

Il est fort à parier qu’au sein du régime algérien, la tension est aujourd’hui à son comble. Sous cette pression internationale, ce régime ne peut conserver indéfiniment une façade harmonieuse et compacte. Il est fatalement traversé par des forces antagonistes: d’un côté, celles qui constatent l’impossibilité de faire aboutir l’aventure séparatiste du Polisario; de l’autre, celles qui s’enferment dans une logique autiste et suicidaire de soutien aveugle à ce mouvement.

Cette heure de vérité pour le régime algérien est plus proche qu’on ne le croit. Il va lui falloir faire des choix et apporter des réponses concrètes à au moins deux hommes chargés de traduire la résolution 2797 dans les faits. Avec, en ligne de mire, un objectif clair: faire baisser la tension en Afrique du Nord et éloigner le spectre de la paralysie, voire de la confrontation militaire.

Le premier est Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, chargé par la résolution onusienne de prendre contact avec toutes les parties et d’évaluer leur disponibilité à en appliquer l’esprit, dont l’horizon d’exécution est le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine. Que de Mistura puisse pointer explicitement le refus algérien d’appliquer la résolution des Nations Unies pourrait avoir un impact considérable sur la perception du régime par la communauté internationale.

Le second est Steve Witkoff, l’homme chargé de la médiation américaine entre Rabat et Alger. Le Maroc, par la voix du roi Mohammed VI, a déjà, une nouvelle fois, tendu la main de la réconciliation, invitant le leadership algérien à venir à la table des négociations et du compromis. En face, le président Abdelmadjid Tebboune est resté muet. Seul son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, se perd dans de rocambolesques exégèses du texte de la résolution. Que l’administration Trump en vienne à la conclusion que le régime algérien refuse «la paix» avec le Maroc, voire s’emploie à freiner le processus de réconciliation, est de nature à la pousser à durcir davantage son regard à l’encontre d’un pouvoir qui bloque la dynamique internationale en faveur de la paix et de la stabilité régionales.

Par Mustapha Tossa
Le 10/11/2025 à 16h14