Riyad doit prochainement dévoiler la liste des entreprises retenues pour fabriquer les deux premiers réacteurs d'un programme qui pourrait en comporter jusqu'à 16 et des négociations sont en cours avec l'administration américaine pour qu'elle donne son accord à l'exportation de la technologie nécessaire à leur construction.
Ed Markey, sénateur démocrate du Massachusetts, a toutefois souligné la nécessité pour l'administration Trump d'obtenir de Riyad l'acceptation d'un accord de non-prolifération nucléaire, dit "accord 123", du même type que ceux déjà signés par les Etats-Unis avec notamment la Corée du Sud, l'Inde et les Emirats arabes unis.
"Tout accord devra certainement comprendre un engagement de non-prolifération, ou +accord 123+, entre les deux pays", a souligné Markey dans une lettre adressée au secrétaire d'Etat Rex Tillerson et au secrétaire à l'Energie Rick Perry et dont l'AFP a obtenu copie.
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"Mais de précédents efforts américains pour conclure un accord 123 avec l'Arabie saoudite n'ont pas été couronnés de succès en raison de l'opposition (de Riyad) à renoncer à tout enrichissement de l'uranium ou de retraitement de combustible nucléaire sur son territoire, ce qui constitue la +règle d'or+ de tout accord 123", poursuit Markey.
Ces développements interviennent également dans un contexte de fortes tensions diplomatiques autour du programme nucléaire civil de l'Iran, un pays avec lequel Riyad entretient de mauvaises relations.
Selon Markey, "la mauvaise volonté manifestée par le royaume saoudien à s'engager (sur un accord 123) est particulièrement préoccupante à la lumière de commentaires faits par des responsables saoudiens et membres de la famille royale laissant entendre qu'un programme nucléaire pourrait servir autant des objectifs géopolitiques que la production d'électricité".
Selon plusieurs médias américains, le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, devrait se rendre aux Etats-Unis début mars et pourrait y rencontrer le président Donald Trump. Cette visite n'a toutefois pas encore été confirmée de source américaine ou saoudienne.
Dans sa lettre, Markey demande notamment aux deux responsables de l'administration américaine "quelle est la raison pour de nouvelles discussions sur un accord de coopération nucléaire entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite ?" "L'Arabie saoudite aurait-elle demandé à l'administration de considérer conclure un accord 123 qui ne comprendrait pas la règle d'or ou bien l'administration Trump a-t-elle décidé de son propre chef d'envisager cette éventualité ?", s'interroge-t-il également.
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Lors de déclarations à la télévision américaine CNBC en marge d'une conférence à Munich en Allemagne à la mi-février, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir, avait menacé implicitement les Etats-Unis de voir Riyad se tourner vers d'autres pays si l'administration Trump refusait d'apporter son soutien à son programme nucléaire civil.
Selon l'agence de presse Bloomberg, Perry devrait pour sa part se rendre à Londres en fin de semaine pour des entretiens avec des responsables saoudiens, dont le ministre de l'Energie et celui des Infrastructures. Evoquant ce possible déplacement, Markey, membre de la Commission des affaires étrangères du sénat, a exigé que "à son retour, je m'attends à ce que le secrétaire Perry m'informe immédiatement ainsi que mes collègues de la Commission de ce qu'il s'est passé pendant ce déplacement et l'administration Trump doit expliquer bien davantage pourquoi elle est disposée à compromettre une position de longue date des Etats-Unis sur la non-prolifération dans le cadre d'un possible accord 123 avec l'Arabie saoudite".
Dans un récent blog, Andrew Bowen du centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute à Washington avait souligné que "le président Trump et son équipe de conseillers à la sécurité nationale font face à un dilemme spécifique: soit changer les régulations fédérales pour assurer un contrat lucratif pour des entreprises basées aux Etats-Unis, soit se conformer aux cas précédents et lier le contrat aux dispositions des précédents accords nucléaires fixées par le Congrès pour se prémunir contre la prolifération nucléaire".