D'Alger au nord à Tamanrasset au sud, les quelque 50.000 bureaux de vote disséminés dans le plus grand pays d'Afrique ouvrent à 08H00 (07H00 GMT) pour fermer à 19H00. Les 12.000 candidats en lice pour les 462 sièges de l'Assemblée nationale populaire (chambre basse du Parlement) connaîtront leur sort vendredi en fin de matinée.
45.000 policiers sont déployés autour des centres de vote pour assurer la sécurité du scrutin qui fait suite à une campagne calme.
Cette dernière a été peu suivie par les Algériens, dont certains ont semblé davantage se passionner pour la présidentielle en France, sur l'autre rive de la Méditerranée. "A chaque fois, on nous promet monts et merveilles et au final: rien", lance Fatma Zohra, une veuve de 50 ans habitant Alger.
En raison de ce désintérêt, l'abstention risque d'être importante, comme cela a été le cas aux précédentes législatives. Le taux de participation n'avait atteint que 43,14% en 2012 et 35,65% en 2007, des chiffres déjà gonflés, selon des observateurs.
Pour conjurer le spectre d'une faible mobilisation, le gouvernement a tenté de motiver les électeurs avec la campagne "Samaa sawtek" ("Fais entendre ta voix", en arabe). Et le président Abdelaziz Bouteflika est intervenu dans un message lu en son nom samedi pour exhorter ses compatriotes à se rendre aux urnes afin de contribuer à la "stabilité du pays".
Lors d'une tournée marathon à travers le pays, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a multiplié les appels en faveur d'un "vote massif". Il est allé jusqu'à appeler les femmes à réveiller tôt leurs maris jeudi, à ne pas leur servir le café et à les "traîner" au bureaux de vote. "Sils résistent, frappez-les avec un bâton!", a-t-il lancé à un auditoire exclusivement féminin lors d'une visite le 30 avril à Sétif, à 300 km à l'est d'Alger.
M. Sellal a également exhorté les Algériens à "faire preuve de patience" face aux difficultés provoquées par la chute des prix des hydrocarbures, qui contribuent pour 60% au budget de l'Etat. "Il n'y a plus d'argent", a-t-il résumé, alors que son gouvernement a été contraint d'augmenter les taxes et de renoncer à de nombreux investissements publics.
"Impartialité"
Le scrutin ne devrait pas bouleverser l'ordre politique et la domination des deux partis de l’Alliance présidentielle au pouvoir: le FLN (Front de libération nationale) du président Bouteflika, et son allié, le Rassemblement national démocratique (RND) du directeur de cabinet de la présidence Ahmed Ouyahia.
Le FLN, qui domine depuis l'indépendance en 1962, était arrivé en tête des législatives de 2012 avec 221 sièges, suivi du RND avec 70 sièges.
Après avoir essuyé un sérieux revers il y a cinq ans malgré la victoire de leurs "frères" en Tunisie, au Maroc et en Egypte, les islamistes espèrent rebondir. Ils présentent deux coalitions et un nouveau parti présidé par un ex-ministre islamiste, farouche partisan du président Bouteflika.
Ces législatives sont en revanche boycottées par le nouveau parti de l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis, rival malheureux de M. Bouteflika à la présidentielle de 2014.
Contrairement aux précédents scrutins, une Haute instante indépendante de surveillance des élections (Hiise) a été instituée par la Constitution, amendée en février 2016. Son président Abdelouahab Derbal a multiplié les assurances quant à l'"intégrité" de l'élection, alors que le président Bouteflika appelait l'administration à l'"impartialité".
Depuis l'instauration du multipartisme en 1989 en Algérie, l'opposition dénonce régulièrement des fraudes en faveur des partis au pouvoir.
Les nombreux Algériens vivant à l'étranger ont commencé à voter le 29 avril pour choisir leurs huit dép