La population de Gaza «a désespérément besoin de plus d’aide», dit la fondation GHF soutenue par Washington

Des personnes pleurent à la morgue de l'hôpital Al-Awda, dans le camp de Nuseirat, au centre de Gaza, le 20 juin 2025, après que plusieurs Palestiniens ont été tués alors qu'ils se dirigeaient vers un centre de distribution de nourriture dans la bande de Gaza, en proie à la guerre, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo par AFP). AFP or licensors

La population de Gaza «a désespérément besoin de plus d’aide», a déclaré samedi la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), organisme soutenu par Israël et les États-Unis, qui distribue de l’aide depuis fin mai dans le territoire palestinien assiégé depuis 20 mois.

Le 22/06/2025 à 07h55

«Nous ne pouvons pas répondre à l’ampleur des besoins tant que de vastes zones de Gaza restent fermées. Nous collaborons avec le gouvernement israélien pour qu’il honore son engagement et ouvre des sites supplémentaires dans le nord de Gaza», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

La GHF, dont les distributions donnent lieu à des scènes chaotiques et meurtrières aux abords de ses centres, dit être «prête à collaborer avec d’autres organisations humanitaires pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin».

Samedi, 17 personnes ont été tuées par l’armée israélienne, dont huit alors qu’elles attendaient à proximité de centres de distribution d’aide gérés par la GHF, a affirmé à l’AFP la Défense civile de Gaza.

Cinq d’entre elles se trouvaient près du carrefour de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza, a précisé Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours.

Interrogée par l’AFP, l’armée a affirmé que ses soldats avaient tiré «des coups de semonce» pour empêcher des «suspects» de s’approcher d’eux, et dit «examiner» des allégations faisant état de blessés.

Un évènement similaire s’est produit peu après l’aube dans le sud de la bande de Gaza, près du rond-point d’al-Alam, où au moins trois personnes ont été tuées par «les tirs de l’armée israélienne», a-t-il ajouté.

GHF a ouvert quatre centres de distribution de colis-repas dans le centre et le sud de la bande de Gaza depuis le début de ses opérations.

La société indique dans son communiqué que son centre SDS1, a proximité d’al-Alam n’a procédé à aucune distribution samedi.

Neuf autres personnes ont été tuées lors de frappes israéliennes distinctes samedi à Choujaïya (nord), à Khan Younès (sud) et près de la ville de Gaza, toujours, selon la Défense civile.

Sur ce point, l’armée israélienne assure qu’elle «s’emploie à démanteler les capacités militaires du Hamas» et «prend les précautions nécessaires pour limiter les pertes civiles» lors de ses frappes.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

«Déshumanisant et dangereux»

Des milliers de personnes s’approchent chaque jour des centres de GHF dans l’espoir de recevoir de la nourriture, comme l’ont constaté des correspondants de l’AFP.

Israël a imposé début mars au territoire un blocus humanitaire qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.

Le blocus n’a été que partiellement assoupli fin mai.

Depuis que la GHF a commencé ses distributions fin mai, 450 personnes ont été tuées et près de 3.500 autres blessées en tentant d’atteindre les points de distribution d’aide à Gaza, selon le dernier bilan actualisé du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza.

L’ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec la GHF, organisation au financement opaque soutenue par Washington et Israël, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

«Le système imposé d’acheminement de l’aide est non seulement un échec, mais il est déshumanisant et dangereux», a déclaré lundi Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins sans frontières. «Il expose des milliers de Palestiniens à des risques inutiles, provoquant des effusions de sang qui pourraient être évitées».

La fondation nie tout incident à l’intérieur de ses centres, affirmant que son personnel continue «de livrer de la nourriture en toute sécurité».

Plus de 55.700 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l’offensive israélienne à Gaza, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, jugés fiables par l’ONU.

L’attaque meurtrière du Hamas sur le sud d’Israël ayant déclenché la guerre le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un bilan de l’AFP réalisé sur la base de chiffres officiels.

Par Le360 (avec AFP)
Le 22/06/2025 à 07h55