Au Mali, le mirage de la guerre s’est dissipé, révélant au monde la silhouette d’Iyad Ag Ghali blotti à l’ombre du drapeau algérien. Mais qui est ce terroriste insaisissable, caméléon cynique, devenu au fil des ans ennemi public numéro un de la France, derrière lequel courent plusieurs agences occidentales sans mettre le grappin dessus, et à propos de qui le politologue Jean-Pierre Filiu se demandait en 2018 «pourquoi l’Algérie protège-t-elle le pire jihadiste du Sahel»? (Le Monde du 21 octobre) Quel mystère ce lion du désert entretient-il avec les militaires d’Alger au point de mener depuis des décennies une guérilla acharnée contre Bamako?
Sa biographie est étonnante, comme chez les hommes au destin noir exceptionnel. Un prestidigitateur se cache sous le turban du prétendu «émir» salafiste, aux multiples facettes, ancien chanteur de cabaret, une vie aux zones d’ombre multiples, mercenaire tour à tour nationaliste laïc, intermédiaire affairiste dans les principales transactions de libération d’otages occidentaux et enfin jihadiste rigoriste dans sa dernière mouture, une créature des services secrets algériens qui l’ont couvé et utilisé depuis les années 1990 à des fins stratégiques.
Officiellement, Iyad Ag Ghali, alias Abou Fadl, est né en 1958 dans la région de Kidal, au sein de la tribu des Ifoghas, une ethnie nomade qui chevauche le Mali et l’Algérie. Dans les années 1970, après l’indépendance du Mali, on trouve sa trace en Libye où il part chercher fortune. Il intègre alors la fameuse Légion islamique de Mouammar Kadhafi, aux côtés d’autres paumés sahariens. Le voilà soldat de fortune, utilisé comme chair à canon dans les guerres au Liban et au Tchad notamment. Cette expérience forge son caractère, mais pas encore l’islamiste. Son orientation idéologique à l’époque est laïque et teintée de marxisme: on le dit plus proche du gauchisme nationaliste que de l’islam politique.
Ironie du sort, ce futur terroriste islamiste ne rechigne pas alors à lever le coude et à s’encanailler: sa jeunesse est marquée par un goût prononcé pour le whisky, le sexe libre et les virées musicales. On le verra même écrire des chansons et se produire avec le groupe de musique touarègue Tinariwen, parcourant, entre deux guerres, les boîtes de nuit d’Afrique de l’Ouest dans les années 1980.

Iyad Ag Ghali fera plus tard enlever le guitariste de Tinariwen par ses combattants islamistes, car son ancien ami devisait trop sur ses frasques. En 1990, il revient au Mali et rejoint la nouvelle insurrection touarègue, le Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA), où il parvient à se hisser rapidement jusqu’à être proclamé chef de guerre. Un câble diplomatique américain divulgué en 2008 le décrivait déjà comme un opportuniste sans scrupule, réputé pour «jouer sur tous les tableaux afin de maximiser ses gains personnels» (rapporté par Independent Arabia, 10 novembre 2025). Le décor est planté: derrière l’idéologue se cache un opportuniste avide, prêt à endosser tous les costumes.

L’enrôlement par les services algériens
Revenons à 1990: la rébellion touarègue fait rage dans l’Adrar des Ifoghas. Son enrôlement par Alger a lieu à cette époque. Le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) accueille Iyad Ag Ghali et des émissaires maliens à Tamanrasset, en territoire algérien. Il est choisi pour représenter les intérêts d’Alger au nord du Mali. De rebelle qui massacre les populations maliennes, il devient un parfait candidat politique imposé en janvier 1991 lors des accords de cessez-le-feu signés entre les Touaregs et le gouvernement malien (souvent appelé accords de Tamanrasset, du nom de la ville à cheval entre le Mali et l’Algérie). Grâce à ce parrainage d’Alger, Iyad Ag Ghali rallie officiellement l’État malien. Le terroriste repenti se voit dès lors récompensé avec des postes honorifiques: il est nommé conseiller spécial à la présidence malienne, puis diplomate. Une reconversion improbable rendue possible par la médiation algérienne qui lui vaut ces sinécures inattendues. Alger tenait à ménager cet allié touareg qui se révélera un véritable cheval de Troie introduit au cœur du pouvoir à Bamako. Un loup dans une bergerie.
Cette entrée dans le rang marque le début d’une décennie trouble pour le personnage. Officiellement fonctionnaire malien, l’homme n’a pas dit son dernier mot, et l’Algérie non plus. Dans l’ombre, il tisse son réseau. D’ailleurs, les services algériens ne le lâchent pas d’une semelle– il demeure pour eux un atout influent chez les Touaregs du Mali. Preuve en est: lorsque de nouveaux soubresauts éclatent au Nord-Mali en 2005, Alger sort des bois et reprend son rôle de parrain.
Alger l’envoie se former au jihadisme en Arabie saoudite
Alger demande à son homme de paille de calmer la révolte. Iyad Ag Ghali s’impose en interlocuteur incontournable. Il souffle sur les braises et défend le mouvement dissident. Ce qui mènera aux Accords d’Alger de juillet 2006 qui mettent un terme au soulèvement grâce à cet agent secret. Pesant sur Bamako, les militaires algériens obtiennent qu’Iyad Ag Ghali soit nommé, en novembre 2007, consul du Mali à Djeddah, en Arabie saoudite. Officiellement, il aurait choisi ce poste par ferveur religieuse, pour pouvoir se rendre facilement à La Mecque chaque vendredi, dit-on. En réalité, Alger a déclenché une autre séquence de son plan pour prendre en tutelle le Mali après l’échec des années 1990. Elle va permettre à Ag Ghali de se rapprocher des wahhabites et entamer l’adoubement salafiste dont il se pare aujourd’hui. Si Bamako a choisi d’éloigner le trublion de la scène malienne, elle ignore qu’elle a favorisé l’essor d’un monstre sanguinaire qui reviendra la défier très bientôt. Celui-ci peut compter sur une base de salafistes, de nombreux rebelles du Nord-Mali, hébergés en Algérie et qui constitueront sa première armée légère à son retour sur la scène des combats.
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Durant cette période saoudienne qui va durer quatre ans, Iyad Ag Ghali mène une vie discrète, mais surveillée par les renseignements de Djeddah. Il devient brusquement très religieux et se radicalise au contact de prédicateurs rigoristes. Surtout, il continue à officier comme intermédiaire officieux entre Bamako et les groupes armés. Car un autre phénomène a émergé au Sahel: le fléau des prises d’otages occidentaux par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et consorts. L’homme s’illustre ainsi dans plusieurs médiations lucratives: en 2003, déjà, il avait aidé à libérer 14 touristes européens enlevés par un groupe salafiste algérien (ancêtre d’AQMI). Par la suite, Ag Ghali a négocié d’autres libérations en 2008, 2010, 2011, empochant au passage de grasses commissions. L’organisation américaine Counter Extremism le décrit s’enrichissant grâce à ces rançons, devenant l’un des hommes forts du business des otages au Sahel. Ce rôle ambigu– diplomate le jour, émissaire officieux auprès d’Al-Qaïda la nuit– ne tarde pas à éveiller les soupçons, et les Saoudiens, notoirement sourcilleux sur la sécurité intérieure, suspectent Ag Ghali de collusion avec des extrémistes d’Al-Qaïda en Arabie. La sanction tombe en 2010: Iyad Ag Ghali est expulsé manu militari d’Arabie saoudite. Officiellement, Riyad prend ses distances avec l’Algérie dont elle soupçonne le rôle déstabilisateur au Mali et craint des retombées sur son propre sol.
Fait piquant: après son expulsion, Ag Ghali passe brièvement par… Paris. On le voit, incognito, fréquenter assidûment une mosquée du 8ème arrondissement. Le futur ennemi juré de la France a donc arpenté tranquillement les beaux quartiers parisiens. Aujourd’hui, les services secrets français considèrent que c’est à Paris que s’est faite la jonction avec des émissaires algériens qui l’ont préparé à un retour fracassant, en tant que terroriste assumé, au Mali. Grave erreur de la France qui aura laissé faire, Iyad Ag Ghali a pu mijoter sa revanche armée et être préparé par les Algériens au nouveau rôle qu’il va devoir jouer.
Le tournant de 2012: Ansar Dine, un hologramme algérien
De retour au Mali, Iyad Ag Ghali tente de se greffer au MNLA et entreprend de faire valoir l’idéologie salafiste. Il se présente au camp de Zakak pour briguer le commandement du MNLA. Mais les jeunes chefs du MNLA se méfient de lui: ils le jugent trop lié à l’Algérie et trop engagé dans l’islamisme à leur goût. On lui préfère un neveu éloigné, Bilal Ag Acherif, et un colonel revenu de Libye, Mohamed Ag Najem, pour diriger le mouvement. C’est un camouflet pour Iyad Ag Ghali, qui voit le leadership touareg lui échapper. Il encaisse également un refus sur le plan traditionnel: la tribu Ifoghas refuse de le nommer amenokal (chef traditionnel) à la succession de son cousin, le chef Intalla Ag Attaher, lui préférant un fils d’Intalla. Double humiliation et échec d’Alger de replacer son pion. Il pivote vers les jihadistes. Il prend contact avec ses alliés d’AQMI– dont certains ne sont autres que ses parents ou beaux-frères. Abdelkrim al-Targui, un de ses neveux, dirige une katiba (brigade) d’AQMI; Iyad lui propose son soutien avec ses quelques dizaines d’hommes fidèles qu’Alger met à sa disposition. Ag Ghali est encouragé à fonder sa propre faction islamiste. En janvier 2012, la nouvelle tombe: Iyad Ag Ghali annonce la création de Ansar Dine, le mouvement armé qui va servir Alger, dont il prend la tête. À ce stade, Ansar Dine n’aligne que 200 à 300 combattants, principalement la garde rapprochée d’Iyad. Mais très vite, de nombreuses recrues rejoignent le groupuscule et en quelques mois, Ansar Dine supplante militairement le MNLA et devient le groupe dominant dans le Nord-Mali.

Iyad Ag Ghali, nouveau chef, impose alors une ligne islamiste dure. Contrairement au MNLA laïc, Ag Ghali clame haut et fort que son objectif est d’instaurer la charia sur l’ensemble du Mali. Il se rêve en fondateur d’une république islamique puritaine au Sahel. Toutefois, habile tacticien, Iyad joue un double jeu au début: il cherche à rassurer les négociateurs maliens et les rebelles touaregs en leur faisant croire qu’il n’a pas totalement rompu avec son passé modéré. En privé, il affirme à certains qu’il utilise le jihadisme comme levier, mais qu’il reste un Touareg avant tout– un discours qu’il adapte à son auditoire, confirmant sa réputation de «joueur sur les deux tableaux».
Sur le terrain, son alliance de façade avec le MNLA ne dure que quelques semaines. Les jihadistes d’Ansar Dine évincent les révoltés laïcs des principales villes du Nord. Kidal, Gao, Tombouctou tombent successivement sous la coupe des islamistes, qui trahissent le MNLA et s’emparent seuls du pouvoir local. Iyad Ag Ghali instaure immédiatement la charia la plus stricte: interdiction de la musique et du tabac, imposition du voile aux femmes, exécutions sommaires des récalcitrants, destruction des mausolées soufis de Tombouctou– un vandalisme qui choquera le monde entier. Celui qui quelques années plus tôt écumait les night-clubs impose désormais la lapidation pour adultère. Le masque est tombé: Iyad Ag Ghali a troqué son boubou de notable contre la barbe des talibans, car le jihad lui a offert un chemin vers le pouvoir qu’on lui refusait ailleurs.
Le règne d’Ansar Dine sur le nord du Mali sera bref, mais sanglant. En 2013, alarmé par l’offensive islamiste qui menaçait d’atteindre Bamako, le gouvernement malien appelle la France à l’aide. Paris déclenche alors l’opération Serval, une intervention militaire éclair qui chasse les jihadistes des villes du Nord. Iyad Ag Ghali et ses acolytes sont contraints de fuir dans les montagnes et le désert. Beaucoup de leurs combattants sont tués ou dispersés, les bases détruites. Pourtant, Iyad Ag Ghali lui-même échappe miraculeusement à la capture ou à la mort. Comment ce chef aussi exposé a-t-il pu survivre à l’assaut de la France? La réponse tient en un mot: l’Algérie.
L’Algérie dans l’ombre: collusions et refuge
Officiellement, l’Algérie se rallie à la lutte antiterroriste aux côtés de la France– elle ouvre même son espace aérien aux avions français et ferme sa frontière au Mali, conditions essentielles à la réussite de Serval. Mais en coulisses, le régime algérien reste un soutien inconditionnel d’Iyad Ag Ghali et des groupes du Sahel. Dès la fin de Serval, Alger revient en effet au premier plan en parrainant Iyad Ag Ghali en 2015, et protège les groupes armés du Nord. Officiellement, l’Algérie se pose en pacificateur impartial. Officieusement, sa sincérité est mise à nu: l’ONU elle-même a dénoncé la collusion de la médiation d’Alger avec Iyad Ag Ghali et son entourage. En clair, les accords d’Alger de 2015 auraient intégré des exigences ou des émissaires liées à Iyad, accordant de facto à ce dernier une influence occulte sur le processus. Pas étonnant dès lors que la paix ne se concrétise guère sur le terrain. Au contraire, Iyad Ag Ghali profite de ce répit pour reconstruire sa force. En 2017, il formalise la fusion de son groupe Ansar Dine avec d’autres katibas jihadistes (Al-Mourabitoun du sinistre Mokhtar Belmokhtar, la katiba Macina d’Amadou Koufa, etc.) au sein d’une alliance baptisée JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), affiliée à Al-Qaïda.

Sans surprise, c’est Iyad Ag Ghali qui prend la tête de cette coalition sahélienne, devenant l’émir local d’Al-Qaïda– «le représentant attitré d’Ayman al-Zawahiri au Sahel» selon Jean-Pierre Filiu. Ses troupes multiplient alors les attentats meurtriers au Mali, au Burkina Faso et au Niger, s’en prenant en particulier aux intérêts français (soldats de Barkhane, diplomates, humanitaires occidentaux). Aujourd’hui encore (fin 2025), Iyad Ag Ghali demeure l’instigateur majeur du jihad en Afrique de l’Ouest, commanditant rapts et attaques à une échelle régionale.
Or, malgré cette dangerosité avérée, Iyad Ag Ghali n’a jamais été éliminé ni capturé. Et tous les indices convergent vers un fait troublant: il bénéficie d’une impunité territoriale en Algérie même. Dès 2013-2014, recherché par les États-Unis et la France, les services de renseignement relèvent qu’Iyad se replie dans le sud de l’Algérie. Un rapport des renseignements français citait sa présence dans la région de Tin Zaouatine, côté algérien, «entouré de sa famille et de quelques partisans, avec l’assentiment de la Sécurité militaire algérienne» (rapporté par Mali Web)
Jeune Afrique, citant des sources françaises dépitées, lui consacre un article le 27 janvier 2014, affirmant qu’«Iyad a toujours été proche des services algériens, qui le considéraient comme un partenaire incontournable dans la région». Paris peste contre le manque de coopération d’Alger au Sahel, laissant s’évanouir Iyad dans le no man’s land frontalier. Le Monde pour sa part déclare: «Les spécialistes du jihadisme au Sahel s’accordent cependant à penser qu’Iyad Ag-Ghali n’aurait certainement pas pu survivre, et encore moins tisser sa toile dans toute région, s’il ne disposait pas de “facilités“ en Algérie.» Le quotidien français renchérit et révèle qu’en 2016 Iyad Ag Ghali avait été hospitalisé incognito en Algérie pour soigner un diabète ou une hépatite, et qu’une tentative occidentale de le «neutraliser» à l’hôpital a échoué de peu. Protégé jusqu’au bout des couloirs, il a été exfiltré ou mis à l’abri à temps, échappant encore une fois à la capture. Qui d’autre que les services algériens auraient pu organiser une telle exfiltration?
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Un témoignage de poids vient corroborer cette thèse de la complicité algérienne: celui du général Christophe Gomart, ancien patron du renseignement militaire français. Dans ses mémoires publiés en 2020, il raconte les difficultés rencontrées pour traquer Iyad Ag Ghali: «Les Algériens n’ont jamais voulu nous donner autre chose que des numéros de téléphone [concernant Iyad]. Nous étions convaincus qu’Iyad Ag Ghali se trouvait bien dans la partie algérienne de Boughessa. Les Algériens nous assuraient du contraire– sans doute le protégeaient-ils». Une accusation directe du «double jeu» algérien.
D’une part, Alger a toujours cherché à contrôler l’issue du conflit malien pour préserver son influence au Sahel. En gardant Iyad Ag Ghali sous le coude, l’Algérie dispose d’une carte maîtresse: elle peut tantôt le laisser semer le chaos (faisant échouer les initiatives de paix qui ne lui conviennent pas), tantôt s’en servir comme interlocuteur privilégié lorsque ça l’arrange. De fait, tant qu’Iyad et ses hommes opèrent, l’Algérie se rendait incontournable dans toute négociation. En somme, un Sahel instable, mais sous contrôle algérien vaut mieux qu’un Sahel pacifié sous influence marocaine, française ou onusienne. Et Iyad Ag Ghali apparait rétrospectivement comme l’instrument de cette politique du chaos contrôlé.
Aujourd’hui, Iyad Ag Ghali court toujours, et Alger est pointé du doigt. En juin 2024, la Cour pénale internationale a fini par rendre public un mandat d’arrêt à son encontre pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité (massacres, viols, esclavage sexuel commis en 2012). Bamako, de son côté, s’est durci depuis que des militaires nationalistes y ont pris le pouvoir en 2021. Le nouveau gouvernement malien n’hésite plus à accuser frontalement l’Algérie de complicité terroriste. Le 1er avril 2025, un incident sans précédent a déclenché une crise ouverte: l’armée algérienne a abattu un drone malien près de la frontière, dans la zone de Tin Zaouatène. Alger prétend que le drone avait violé son espace aérien; Bamako rétorque qu’il survolait son propre territoire pour traquer des «groupes armés»– entendez les combattants d’Iyad Ag Ghali. Le message malien est clair: si l’Algérie a détruit ce drone, c’était pour empêcher le Mali de frapper Iyad sur son sanctuaire frontalier. La brouille diplomatique est telle que les deux pays ont fermé leur espace aérien réciproque et que l’affaire a été portée devant la Cour internationale de justice.
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Même sur la scène onusienne, les représentants maliens accusent désormais publiquement Alger de protéger Iyad Ag Ghali et d’entraver la lutte antiterroriste. Il aura donc fallu attendre 2025 pour voir le jeu double d’Alger exposé au grand jour: aux yeux des observateurs, l’Algérie est démasquée dans son rôle de sponsor occulte du jihadisme régional.
Aujourd’hui, tandis que le Sahel vacille et que les capitales occidentales s’interrogent sur cet insaisissable agitateur, une évidence s’impose: Iyad Ag Ghali n’est pas un météore du jihadisme, il en est l’architecte régional, sculpté par les intérêts croisés de l’armée algérienne et des réseaux jihadistes. Ses sanctuaires, ses exfiltrations, ses immunités successives ne doivent rien au hasard. L’homme continue de répandre la peur parce que son ombre se prolonge jusqu’aux couloirs d’Alger. Et tant que cette ombre ne sera pas dissipée, aucune paix durable ne pourra s’écrire sur les dunes du Mali.








