Dominant le panorama du désert du Néguev, dans le Sud d’Israël, des structures de verre et de pierre géantes se dressent à Beer-Sheva, alignées le long de rues bien ordonnées. Ces constructions modernes et raffinées semblent tout droit sorties d’un film futuriste, presque irréelles dans un paysage qui, il y a quelques décennies, n’était que dunes de sable.
Aujourd’hui, ce paysage est bel et bien différent. Beer-Sheva, une ville située à environ 100 kilomètres de Tel-Aviv, est devenue une oasis de technologie, voire la capitale de la cybersécurité d’Israël.
Lire aussi : Comment Israël est parvenu à s’imposer comme une «cyberpuissance» en un temps record
Le cybercampus de Beer-Sheva, inauguré en 2013, a réussi à attirer des mastodontes de la technologie tels qu’IBM, Oracle, Dell, Microsoft ou encore Intel, qui y ont installé leurs centres de R&D. La ville accueille également des start-ups et des incubateurs innovants, comme les Cyber Labs de Jerusalem Venture Partners, et de grandes entreprises de cybersécurité.
L’idée de ce parc technologique remonte à l’an 2000 à l’Université Ben Gourion du Néguev, située à Beer-Sheva. Inspirés par la vision du premier Premier ministre israélien, Ben Gourion, qui rêvait d’un «désert en fleurs», la ville de Beer-Sheva, l’Université Ben Gourion et KUD International, un consortium d’investisseurs américains et japonais, ont collaboré pour donner vie à ce projet de revitalisation du désert.
Le projet a pris de l’ampleur avec l’entrée de l’entreprise immobilière Gav Yam. De ce simple désert du Néguev, Beer-Sheva s’est métamorphosée en une capitale mondiale de la cybersécurité, explique Isaac Ben Israel, directeur du Blavatnik Interdisciplinary Cyber Research, rencontré en marge de la Cyberweek à l’Université de Tel-Aviv, le 27 juin dernier.
3.000 ingénieurs
Beer-Sheva compte, à ce jour, plus de 3.000 ingénieurs et abrite 75 entreprises spécialisées dans le domaine de la cybersécurité, fait savoir Amir Sagie, coordinateur de la cybersécurité au ministère des Affaires étrangères d’Israël. Et de souligner que cet écosystème est bien plus vaste que le simple parc technologique, car il est constitué d’une myriade d’acteurs, du gouvernement à l’armée, en pasant par l’industrie et l’académie, tous travaillant ensemble.
Lire aussi : Startups: comment Israël est devenu un temple de l’innovation
L’un des facteurs clés de cette réussite est, d’après ce responsable, le service militaire obligatoire: «L’armée israélienne sélectionne les jeunes les plus brillants et les forme aux technologies les plus avancées. Une fois leur service terminé, ces jeunes, extrêmement talentueux et expérimentés, constituent un vivier pour l’industrie et l’académie.»
Forts de leur expérience et de leur formation, ces jeunes sont le moteur de la croissance de l’écosystème technologique israélien. «Le gouvernement joue aussi son rôle en offrant des incitations aux startups et en investissant dans les incubateurs et les accélérateurs», ajoute Amir Sagie.
Beer-Sheva est le parfait exemple de la transformation technologique d’Israël. Grâce à une vision futuriste, à des investissements colossaux et à une collaboration efficace entre les différents acteurs, la ville est passée d’une simple étendue désertique à une véritable capitale mondiale de la cybersécurité. Ce succès est le fruit d’une combinaison gagnante: des jeunes brillants formés par l’armée, un soutien gouvernemental important et une coopération étroite avec l’industrie et l’université.