Les démissions et les appels au départ de Boris Johnson, plombé au sein de l'opinion et de son parti par des scandales à répétition, se sont poursuivis ce jeudi 7 juillet 2022.
Le tout nouveau ministre des Finances Nadhim Zahawi, nommé mardi, a appelé Boris Johnson à «partir maintenant», alors que la ministre de l'Education, nommée elle aussi mardi, annonçait elle sa démission.
Au total, 57 départs ont été annoncés au sein du gouvernement depuis mardi, dont cinq ministres, un exode d'une rapidité sans précédent dans l'histoire politique britannique.
«Hier je vous ai supplié de (...) démissionner dans l'intérêt de notre parti et du pays. Vous nous avez mis dans une situation impossible», a écrit la nouvelle ministre de l'Education Michelle Donelan dans sa lettre de démission, expliquant qu'elle n'avait «pas d'autre choix».
Le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, a aussi annoncé sa démission. «Un gouvernement décent et responsable repose sur l'honnêteté, l'intégrité et le respect mutuel -c'est avec un profond regret personnel que je dois quitter le gouvernement étant donné que j'estime que ces valeurs ne sont plus défendues», a écrit Brandon Lewis dans sa lettre de démission, soulignant que le «point de non retour» avait été atteint selon lui.
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Ce jeudi, dans un silence assourdissant, personne n'est venu défendre Boris Johnson sur les programmes d'information du matin, comme c'est habituellement l'usage.
Mercredi soir, plusieurs ministres s'étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain de convaincre Boris Johnson qu'ayant perdu la confiance du parti conservateur après trois années turbulentes au pouvoir, il devait démissionner, dans son intérêt et celui du pays.
Le Premier ministre de 58 ans, qui affirme qu'il a un «mandat colossal» à accomplir, a riposté en limogeant par téléphone mercredi soir le ministre qui avait été le premier à venir lui conseiller de démissionner plus tôt dans la journée, Michael Gove, chargé du rééquilibrage territorial. Selon la BBC, Downing Street aurait qualifié Michael Gove de «serpent» indigne de la confiance de Boris Johnson.
Celui-ci aurait dit à des collègues qu'ils devraient «plonger les mains dans le sang» pour le sortir de Downing Street, rapportait jeudi le tabloïd The Sun, alors que certains commentateurs faisaient le rapprochement avec Donald Trump refusant de reconnaitre le résultat de l'élection présidentielle américaine en 2020.
Toute la journée d'hier, mercredi, les démissions s'étaient succédé, le parti conservateur lassé des scandales à répétition depuis que Boris Johnson, l'ancien héros du Brexit, est arrivé à Downing Street en 2019.
La séance hebdomadaire de questions à la Chambre avait été particulièrement houleuse pour Boris Johnson, avec de nouveaux appels à la démission dans son propre camp, des rires témoignant de sa perte d'autorité, et un «bye Boris» à la fin de la séance.
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Le mécontentement couvait depuis des mois, nourri notamment par le scandale des fêtes illégales à Downing Street pendant le confinement anti-Covid, alors que les Britanniques devaient respecter des règles très strictes.
Boris Johnson avait varié dans ses explications, provoquant frustration puis colère des élus conservateurs, dans un pays confronté à une inflation record de 9% et à des mouvements sociaux. Sa cote de popularité avait plongé, et près de 70% des Britanniques souhaitent désormais son départ, selon deux sondages cette semaine.
La démission mardi soir du ministre des Finances Rishi Sunak, et du ministre de la Santé Sajid Javid, avait sonné l'hallali pour le Premier ministre, après un nouveau scandale sexuel impliquant le «whip» adjoint chargé de la discipline des députés conservateurs, que Boris Johnson avait nommé en février, «oubliant» des accusations passées de même type.
Mais comment faire partir un Premier ministre qui refuse de démissionner?
Boris Johnson avait échappé le mois dernier à un vote de défiance, 40% des députés conservateurs refusant cependant de lui accorder leur confiance. Il était en théorie à l'abri d'un nouveau vote de défiance pendant un an, mais le bureau exécutif du «Comité 1922» qui décide des règles, pourrait les modifier dans les prochains jours pour organiser, s'il n'est pas parti d'ici là, un deuxième vote de défiance.