Au sixième jour de la guerre entre Israël et le Hamas, qui a déjà fait des milliers de morts, les frappes israéliennes se sont poursuivies durant la nuit contre la bande de Gaza, d’où sont parties plusieurs salves de roquettes vers le sud d’Israël. Le tout à quelques heures de l’arrivée en Israël du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken pour une visite de soutien à son allié.
«Tout membre du Hamas est un homme mort», a lancé mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une première allocution solennelle avec le gouvernement d’urgence, formé le même jour avec Benny Gantz, un des principaux chefs de l’opposition.
L’armée a fait état de 1.200 morts en Israël, pour la plupart des civils. Dans la bande de Gaza, au moins 1.200 personnes, dont une majorité de civils, ont été tuées dans les raids aériens destructeurs israéliens menés en représailles, selon les autorités locales. L’armée israélienne a par ailleurs affirmé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas qui s’étaient infiltrés samedi dans plusieurs localités proches de la bande de Gaza.
Gaza en état de siège
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué qu’il était en contact avec le Hamas pour œuvrer à la libération des otages et prisonniers israéliens. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi lancé un processus de négociations avec l’organisation islamiste, a indiqué mercredi soir une source officielle à l’AFP. Les autorités israéliennes recensent 150 otages, alors que des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps toujours en cours d’identification.
Israël a déployé des dizaines de milliers de soldats autour de l’enclave palestinienne et à sa frontière nord avec le Liban, d’où le Hezbollah, allié du Hamas, lance régulièrement des attaques de roquettes.
La bande de Gaza, enclave pauvre et exiguë où sont entassés 2,3 millions d’habitants, qui subissent depuis 2006 un blocus terrestre, aérien et maritime, est désormais en état de siège, privée d’approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël. L’unique centrale électrique de l’enclave s’est arrêtée mercredi après-midi, faute de carburant, et les hôpitaux sont débordés et manquent de matériel.
Fabrizio Carboni, le directeur régional du CICR pour la région Proche et Moyen-Orient, a demandé aux deux camps de «réduire les souffrances des civils», et notamment ceux dans la bande de Gaza. «Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues», a-t-il affirmé dans un communiqué, disant craindre notamment pour les nouveaux-nés placés dans des incubateurs et les patients sous oxygène ou sous dialyse.
Moins de roquettes
«Nous nous préparons pour les prochaines étapes. Nous avons frappé un grand nombre de cibles», a déclaré jeudi à l’aube le porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Cornicus. Au cours des dernières 24 heures, il y a eu «moins de roquettes» tirées vers Israël et « c’est toujours un bon signe », a-t-il noté.
Les bombardements ont touché des dizaines d’immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, d’après le Hamas. Des femmes, leurs enfants dans les bras, fuyaient entre les décombres, dans des rues dévastées. Plus de 338.000 personnes ont été déplacées par les frappes contre l’enclave, selon l’ONU. Depuis samedi, 29 Palestiniens ont par ailleurs été tués dans des violences en Cisjordanie.
«C’est comme une apocalypse ou un tremblement de terre (...) Ils (les Israéliens) sont venus pour détruire, comme si ces gens ne méritaient pas de vivre. Comme s’ils n’étaient pas des humains», a affirmé au milieu des ruines un habitant du quartier de Karama à Gaza. Les concentrations de troupes israéliennes à la frontière font craindre une offensive terrestre contre l’enclave, une perspective terrifiante de combats au cœur d’une ville à l’extrême densité de population.
Blinken en Israël
Sur le plan diplomatique, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est attendu ce jeudi en Israël pour une visite de solidarité. «Nous sommes déterminés à nous assurer qu’Israël obtienne tout ce dont il a besoin pour se défendre», a-t-il déclaré avant son départ. Le président américain Joe Biden a toutefois demandé à Israël de respecter «le droit de la guerre» dans sa riposte contre Gaza.
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président iranien Ebrahim Raïssi, dont le pays a soutenu l’offensive du Hamas, se sont pour leur part parlés au téléphone mercredi. Le prince saoudien a déclaré au président iranien que Ryad «communique avec toutes les parties internationales et régionales pour mettre fin à l’escalade en cours», selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA. Il a également souligné «la position ferme du royaume en faveur de la cause palestinienne».
La guerre entre Israël et le Hamas risque d’exacerber le sentiment anti-israélien en Arabie saoudite, pressée depuis des mois par Washington de conclure un accord de normalisation historique avec l’Etat hébreu.
Le Brésil, qui préside actuellement le Conseil de sécurité de l’ONU, a convoqué pour vendredi une nouvelle réunion de cet organisme. Lors d’une précédente réunion d’urgence le 8 octobre, les membres du Conseil n’étaient pas parvenus à un consensus pour condamner unanimement l’attaque du Hamas.