Gaza: poursuite des bombardements israéliens, le Conseil de sécurité soutient le plan de trêve américain

Des enfants palestiniens transportent des conteneurs d'eau devant des bâtiments détruits lors de précédents bombardements israéliens, dans la ville de Gaza, le 10 juin 2024. AFP or licensors

L’armée israélienne a poursuivi ses frappes dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza. Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution soutenant le plan américain de cessez-le-feu, promu par une campagne diplomatique menée par les États-Unis dans la région.

Le 11/06/2024 à 07h36

Dans la nuit, des frappes de l’armée israélienne se sont poursuivies à travers l’ensemble de la bande de Gaza, des sources hospitalières faisant état de dizaines de Palestiniens tués dans le centre du territoire, où se concentrent depuis une semaine les bombardements israéliens.

En Cisjordanie, quatre Palestiniens ont été tués tard lundi soir par l’armée israélienne près de Ramallah. Au Liban, cinq personnes ont été tuées lundi avant minuit dans des frappes israéliennes visant un convoi de camions-citernes qui entrait au pays depuis la Syrie voisine, selon une ONG et une source militaire.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte actualisé de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis 8 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait au moins 37.124 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 83.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 536 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et plusieurs centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a apporté son soutien au plan américain de cessez-le-feu à Gaza, ajoutant son poids derrière la campagne diplomatique menée par les États-Unis pour promouvoir cette proposition en trois phases.

La résolution préparée par les Américains -qui a recueilli 14 voix pour, la Russie s’abstenant- «salue» la proposition de trêve annoncée le 31 mai par le président Joe Biden, affirme qu’Israël a «accepté» ce plan, presse le Hamas de «l’accepter et appelle les deux parties à appliquer pleinement ses termes sans délai et sans conditions».

Le plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des «zones densément peuplées» de Gaza, de la libération de certains otages enlevés lors de l’attaque du Hamas et de Palestiniens détenus par Israël.

«Ce Conseil a envoyé un message clair au Hamas: acceptez l’accord de cessez-le-feu sur la table. Israël l’a déjà accepté et les combats pourraient s’arrêter aujourd’hui si le Hamas faisait de même», a affirmé l’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield.

Les États-Unis font clairement peser sur le mouvement islamiste palestinien la responsabilité de l’accepter. Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit vouloir poursuivre la guerre et l’opposition de ses alliés de l’ultra-droite à ce plan peuvent compliquer les efforts diplomatiques américains. D’ailleurs, après le vote, la représentante israélienne Reut Shapir Ben Naftaly a répété que «la guerre s’arrêtera» quand les «objectifs» israéliens seront «remplis».

Le Hamas a de son côté salué la résolution du Conseil de sécurité et assuré de sa volonté de «coopérer avec les médiateurs pour entamer des négociations indirectes concernant la mise en œuvre de ces principes».

Le président palestinien Mahmoud Abbas a également salué le vote, y voyant «un pas dans la bonne direction», tandis que son ambassadeur à l’ONU Riyad Mansour a insisté sur le fait que la charge de l’application d’un tel cessez-le-feu «incombe à Israël».

Répondant aux demandes faites par certains membres du Conseil lors des négociations, la résolution finalement adoptée lundi précise certains éléments du plan. Celui-ci indique notamment que si la première phase prend plus de six semaines, le cessez-le-feu sera maintenu «aussi longtemps que les négociations se poursuivront».

Réserves russes

La résolution s’oppose d’autre part à «toute tentative de modification démographique ou territoriale de la bande de Gaza, y compris toute action qui réduirait» son territoire. Cela n’a pas suffi à satisfaire la Russie, qui n’a toutefois pas usé de son droit de véto contre un texte «soutenu par le monde arabe».

«Le Conseil donne carte blanche et soutient un plan dont il ne connait pas les détails», a dénoncé l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, déplorant également une absence de «clarté quant à l’accord officiel d’Israël» sur ce plan.


Par Le360 (avec AFP)
Le 11/06/2024 à 07h36